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« On commet donc une erreur lorsqu’on croit que la conservation et la transmission de l’heure à l’Observatoire de Paris peuvent être perturbées par les trépidations.

« En un mot, j’affirme que la marche des horloges est au moins aussi parfaite à l’Observatoire de Paris qu’en n’importe quel observatoire du monde. Il n’y a donc à cet égard, et quoi qu’on en ait dit, pas de raison sérieuse de transférer ailleurs l’Observatoire de Paris, qui représente non seulement dans la science un illustre passé, mais aussi, j’en suis sûr, un magnifique avenir. »

Voilà n’est-ce pas ? une opinion technique qui est nettement en contradiction avec celle qui avait provoqué la discussion. Les choses allaient-elles en rester là Que non pas ! Un autre reporter, aussitôt dépêché auprès de M. Baillaud, lui soumettait l’interview de M. Bigourdan et en remportait à son tour une nouvelle et non moins précieuse.

M. Baillaud y déclare d’abord qu’« il lui coûte de porter sur la place publique une controverse dont les échos n’auraient jamais dû dépasser l’enceinte des Sociétés savantes. » Sans doute. Mais qui a porté d’abord cette controverse sur la place publique ? Qui, d’autre part, a négligé de la porter devant les Sociétés savantes ? Je pose ces questions sans les résoudre, mais je ne pense pas que ce soit M. Bigourdan.

De la réponse faite par M. Bigourdan à ses déclarations initiales sur les pendules de l’Observatoire, M. Baillaud ne dit rien. Ce point particulier de la discussion doit donc être considéré comme réglé. Mais ce qui est particulièrement digne d’examen dans cette interview, ce sont les arguments nouveaux invoqués par M. Baillaud en faveur du transfert de l’Observatoire et qui se retrouvent dans son rapport au Conseil de l’Observatoire en date du 3 mars 1921, rapport officiel dont j’ai déjà parlé ci-dessus. C’est au texte même de ce document officiel que je me reporterai donc pour examiner ces arguments, reproduits d’ailleurs sous une forme presque identique dans l’interview.

En première ligne, M. Baillaud invoque le rapport fait par l’amiral Mouchez en faveur du transfert. L’argumentation de l’amiral Mouchez est d’ailleurs citée tout au long dans le « Rapport adressé au Conseil de l’Observatoire dans sa séance du 3 mars 1921. » Mais comment se peut-il faire que ce rapport du 3 mars 1921 ne fasse aucune allusion au fait que l’Académie des Sciences a rejeté les conclusions de l’amiral Mouchez ? Un exposé historique d’une question ne devrait-il