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Après la mort de l’amiral Mouchez, l’Observatoire eut, avant la direction actuelle, deux autres directeurs éminents, M. Tisserand et M. Maurice Lœwy, ce dernier mort à la fin de 1907. C’est sous leur direction qu’ont été construits les instruments admirables (équatoriaux coudés et autres, lunette photographique, etc.) qui ont fait de l’Observatoire de Paris un établissement de premier rang. C’est sous leur direction qu’ont été, avec ces instruments nouveaux, réalisées les entreprises qui ont porté la renommée et l’influence de notre Observatoire national à un niveau qu’il n’avait jamais atteint auparavant. Ces travaux récents, carte photographique du ciel, catalogue photographique fondamental, atlas photographique de la lune, catalogue des nébuleuses (contenant des centaines d’astres nouveaux découverts à l’Observatoire), ont prouvé que l’Observatoire de Paris, sous une impulsion convenable, ne le cède à aucun observatoire du monde par l’importance, la répercussion et la beauté de ses découvertes et de ses travaux. Ils ont prouvé définitivement et par les faits que les craintes élevées par les ennemis de Leverrier et par l’amiral Mouchez relativement à la difficulté présumée de faire des découvertes astronomiques dans l’atmosphère de Paris n’étaient nullement fondées. Leverrier avait déjà répondu aux partisans du transfert que « l’on n’invoquait que des causes vagues sans apporter de démonstration pratique. » Pourtant, si vagues qu’elles fussent, ces craintes étaient encore compréhensibles avant que l’Observatoire, doté d’un outillage moderne, eût réalisé les travaux essentiels que je viens de rappeler, — entre beaucoup d’autres que la place me manque pour citer. Mais une fois ceux-ci réalisés, « la démonstration pratique » s’est évidemment retournée contre ceux qui avaient émis ces craintes autrefois.

Aussi, pendant longtemps, — pendant près de trente ans, — personne ne reparla plus de déplacer l’Observatoire,

C’est sur ces entrefaites qu’en 1911, la question a été de nouveau posée, mais d’une manière si discrète que les intéressés (les astronomes de l’Observatoire, l’Académie des Sciences) n’en ont rien su que par des indiscrétions dont je ne puis — bien qu’elles prêtent à de savoureux commentaires — faire état ici.

Vous n’étiez pas alors, monsieur le ministre, notre grand maître de l’Université. Avec le haut souci de clarté et de bonne foi dont vous venez de donner des marques si nobles, vous n’eussiez pas manqué alors, en voyant traiter dans des rapports administratifs mystérieux, et décider dans l’ombre et le secret de choses si importantes