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REVUE SCIENTIFIQUE

LES TELESCOPES EN RUMEUR

Lettre ouverte à Monsieur Léon Bérard,
ministre de l’Instruction publique


Monsieur le Ministre,

Au bon vieux temps, il existait une coutume charmante et juste. Le plus humble sujet avait le pouvoir de présenter requête au Roi ou à ses ministres par le moyen d’un placet qu’il leur remettait au passage, genou en terre. Cette mode est, hélas ! tombée en désuétude. C’est peut-être que la culotte courte de jadis se prêtait mieux à ce geste charmant du genou que le pantalon actuel dont le pli réglementaire risque de voir son ordonnance perturbée par l’inflexion trop prononcée de la jambe.

Combien je regrette, monsieur le ministre, que cet usage ait péri. On m’eût vu me précipiter à votre passage et vous remettre aujourd’hui même mon placet.

Hélas ! cela n’est pas possible. Le protocole s’y oppose. C’est la Revue des Deux Mondes qui vous présentera mon placet. Aussi bien la presse, — et surtout lorsqu’elle a cette qualité, — est-elle aujourd’hui le seul moyen que nous ayons de porter parfois une requête à ceux qui gouvernent la France.

C’est de l’Observatoire de Paris que je voudrais vous parler aujourd’hui, monsieur le ministre.

Donc, l’Observatoire de Paris est en émoi et je viens respectueusement vous dire ici, en mon nom et au nom de beaucoup de mes collègues astronomes, les causes de cet émoi. Vous en avez eu déjà