Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/889

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de certains établissements, rendre aux Académies régionales un droit qu’elles avaient légitimement acquis par la science et souvent par la générosité de leurs membres : celui de présenter des candidats à la direction des Jardins botaniques, des Observatoires, des Bibliothèques, des Stations d’essai et autres établissements d’études régionaux ou locaux, ainsi que le droit d’élire des représentants aux conseils de ces établissements.

Ces droits ont été très justement conservés par les sections de l’Institut de France, avec raison d’ailleurs. Ils seraient exercés avec non moins de sagesse par les Académies régionales qui connaissent mieux que quiconque les usages, les besoins, les possibilités et les talents régionaux ou locaux.

De telles attentions de l’État favoriseraient grandement le groupement autour de chaque Académie des nombreuses sociétés savantes, littéraires, historiques, artistiques qui existent dans la région, et trop souvent y végètent, faute de ressources pour réaliser leurs projets les plus intéressants. Nous avons vu se former ainsi, autour des Académies de Bordeaux et de Marseille, les Fédérations des Sociétés savantes du Sud-Ouest et de Provence, les « Assises de Caumont, » en Normandie. Mais quelques-unes de ces fédérations, comme « l’Association Bretonne, » qui tient un congrès, chaque année, dans l’un des cinq départements bretons, comme le « Congrès des Sociétés savantes du Nord et du Pas-de-Calais, » le « Félibrige Limousin, » « l’Union géographique du Nord de la France, » dont le siège est à Douai, « la Fédération des préhistoriens et archéologues du Bassin du Rhône, » dont le siège est au Perthuis, paraissent s’être formés entièrement en dehors de l’influence académique.

La plus grande partie de la France reste d’ailleurs privée de toute fédération intellectuelle. Il ne s’agit pas, en l’espèce, de priver les Sociétés savantes ou littéraires de leur autonomie, ce qui conduirait rapidement à l’étiolement d’une des plus belles vertus du génie latin : la vertu créatrice. Mais il s’agit, par de souples fédérations, d’organiser le travail intellectuel dans notre pays, afin de le rendre plus facile, de fournir aux chercheurs plus de moyens d’investigation et d’action, de donner à l’intelligence française son maximum de force et de rayonnement.

La fédération des nombreuses Sociétés savantes et littéraires autour des Académies régionales serait heureusement complétée par un rattachement, dont la forme resterait à trouver, à l’Institut