Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/888

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Française, ne pourraient faire un meilleur emploi de leur autorité morale et de leur activité que de la mettre au service de cette cause essentielle.


Nous ne pouvons songer à établir ici la longue liste des savants éminents dont s’honorent nos provinces. Certains noms sont d’ailleurs dans toutes les mémoires. À Toulouse, ceux de Paul Sabatier (prix Nobel), Cosserat ; à Bordeaux, ceux de Thamin, Brutails, abbé Verschaffel, Sauvageau, Bergonié ; à Dijon, Espérandieu, Bataillon, Hauser ; à Montpellier, Flahaut, de Forcrand ; à Marseille, Stéphan, Paul Masson, Fabry ; à Lille, Barrois, Merlin, Lyon ; Kilian à Grenoble ; Villey-Desmeserets : à Caen ; Adam, Blondlot, Güntz, à Nancy ; à Lyon, Depéret, Gouy, Lépine, Ulysse Chevalier, les Lumières, de Chardonnet, Lacassagne, Loubat, Rambaud, Tavernier, Isaac, Coignet, Gillet, Charles Soulier, Mariéjol, etc., etc. .

Dans cette dernière ville, où le particularisme est puissant, un bon nombre de savants et de lettrés, et non des moindres, n’appartiennent pas à l’Académie. Une sorte de rivalité semble s’être établie entre celle-ci et l’Université. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas spécial à Lyon, soit que les Académies boudent les universitaires, soit que ceux-ci boudent les Académies locales. Il serait tout à fait désirable qu’un accord plus cordial s’établît entre les unes et les autres, qui ont le même but : le progrès des sciences, des lettres et des arts.

Il serait non moins désirable que l’État se départît de la suprême indifférence qu’il professe à l’égard des Académies régionales, et qui est trop souvent imitée par les départements et les villes, plus directement intéressées à la prospérité de leurs Académies. Des subventions allouées aux Académies ne manqueraient pas de donner un élan nouveau au mouvement intellectuel dans nos provinces. Dans le même sens, on verrait avec satisfaction les laboratoires des Facultés, entretenus par l’effort de tous les contribuables, s’ouvrir largement aux savants des Académies, à tous les chercheurs sérieux de la région universitaire. Tous les Français n’en seraient que plus portés à réclamer en faveur de ces Facultés des laboratoires mieux outillés et mieux dotés. L’État, les départements et les villes pourraient encore, non sans profit pour l’équité et la bonne administration