Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/887

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paty, de Pelleport, Labat. À Rouen, les Auger, les Robillard de Beaurepaire, les Blanche, les trois Boiëldieu, les Dumesnil, de Foville, Lemonnier, etc. Très rarement, on note un nom de femme, la poétesse Verdier-Allut, à Nîmes, et plus récemment à Rouen, Mme Lefrançois-Pillon et Colette Yver.

Ce qui étonne, c’est la médiocrité de ressources dont disposent ces compagnies ; une médiocrité qui touche parfois à la misère. À Marseille, grande ville riche, c’est la vraie détresse, quand on n’a pas une modeste subvention de la ville ou de l’État. En décembre 1768, nous lisons au registre de l’Académie « qu’elle se trouve dans la nécessité de laisser à son concierge deux rideaux appartenant à l’Académie, en compensation de la somme de 49 francs 45, avancée par lui pour frais de réparations. » Et en 1833, nous la retrouvons dans l’obligation de supprimer même ce concierge, aux appointements de 400 francs par an, et d’arrêter ses dépenses à 527 francs par an, « sans compter les dépenses imprévues et les sommes à accorder pour les prix, quand elle en proposerait. » Sans doute toutes les Académies n’étaient pas aussi pauvres. Mais la Révolution, en les supprimant sous prétexte qu’elles formaient une aristocratie de l’intelligence, confisqua leurs biens. Marseille pleure encore les 36 fauteuils qu’elle avait acquis si péniblement en 1785.

Les Académies, lorsqu’elles se reconstituèrent pour la plupart, au temps du Consulat et de l’Empire, se retrouvèrent presque toutes dans le biblique dénuement de Job. À Dijon, l’hôtel même de l’Académie fut donné aux Facultés. Les Compagnies ressuscitées ne purent reprendre la publication partielle de leurs mémoires que grâce aux modestes subventions des départements et des villes. Pendant le XIXe siècle, les dons, legs et fondations de prix permirent à la plupart des Académies de retrouver une vie normale. Aujourd’hui, il n’y a pas une de ces Compagnies qui ne dispose de quelques prix, et parfois de nombreuses récompenses, en faveur des lettres, des sciences, des arts et de la bienfaisance. L’Académie de Lyon, par exemple, dispose de 27 prix formant 58 000 francs de rentes. Sa bibliothèque, au Palais des Arts, compte plus de 100 000 volumes.

Quelques-uns des prix de cette Académie sont destinés aux familles nombreuses. Le relèvement de la natalité, la repopulation est pour la France d’aujourd’hui une nécessité vitale. Les Académies de nos provinces, comme le leur demande l’Académie