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Les Académies provinciales, fondées sur le modèle de celles de Paris, avec cette différence qu’elles réunissaient les lettres, les sciences, les arts, les inscriptions et les sciences politiques, obtinrent rapidement du pouvoir, comme nous l’avons vu, les « privilèges et libertés » des compagnies parisiennes.

Elles voulurent plus encore : une sorte d’alliance, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de fédération avec les Académies parisiennes, et notamment avec la plus illustre, l’Académie française. Arles fut la première admise dans cette alliance, Nîmes suivit, en 1692, grâce à l’appui de son célèbre évêque Fléchier. L’Académie de cette dernière ville conserve précieusement dans ses archives cet extrait des registres de l’Académie française, du 2 octobre 1692 :

Monsieur l’Evêque de Nismes a proposé de mettre l’Académie de Nismes, dont il est le protecteur, dans l’alliance de la Compagnie, comme est celle d’Arles. On a reçu la proposition comme l’on devoit, venant d’un confrère dont elle reçoit tant d’honneur, et il a été ordonné que les députés de cette Compagnie, venant dans la nôtre, seront assis au bout de la table, et qu’ils seront reçus à l’entrée de la première salle où l’Académie s’assemble, et conduits par ceux de Messieurs qu’aura commis M. le Directeur.

Signé : DE TOURREIL, Directeur. »


L’Académie de Marseille fut affiliée ainsi en 1726. En 1706, l’Académie de Montpellier avait dépassé cette « alliance, » elle avait été en quelque sorte incorporée à l’Académie des Sciences de Paris, de manière, disent les lettres patentes, qu’elle en doit être « considérée comme une extension et une partie. »

Ce mouvement fédératif va se continuer jusqu’à la Révolution, appuyé par les nombreux académiciens qui, alors comme aujourd’hui, appartenaient à la fois aux compagnies parisiennes et à celles de la province stimulée par la grande transformation politique et sociale qui s’élaborait en France, surtout dans les éléments cultivés, et qui allait aboutir à la Révolution. Un érudit qui a beaucoup étudié les anciennes Académies, M. A. Maury a écrit : « La Révolution, accomplie si brusquement et si violemment dans la société française, s’était au contraire