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ou un savant qui réunit autour de lui, souvent dans sa propre maison, des hommes d’étude. C’est sans doute à cette origine qu’il faut faire remonter la fondation de la première Académie de France, celle des Jeux Floraux (1325) et celle des « pays » de Normandie, contemporains de celle-là. Ce fut François de Sales, à l’imitation de l’Italie, où ces Compagnies s’étaient largement développées pendant les XVe et XVIe siècles, qui créa, en 1606, « l’Académie Florimontaine, » à Annecy. En 1640, peu après la formation de l’Académie française, M. de Malapeire réunissait, dans son bel hôtel, à Toulouse, sous le nom de « Lanternistes, » les premiers éléments de la future « Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres, » qui ne devait recevoir ses lettres patentes qu’en 1746. Le Franc de Pompignan, déjà membre de l’Académie française, crée, en 1742, l’Académie de Montauban. À Marseille, en 1726, ce fut un écrivain distingué, Chalamond de la Visclède, qui fonda l’Académie. Le si lettré président de Valbonnay, est le véritable créateur de « l’Académie Delphinale » à Grenoble. Et c’est encore un « parlementaire, » le doyen Pouffîer, qui organise et dote, un peu contre le gré du pouvoir, favorisant Besançon, « l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon » (1739), qui devait révéler Jean-Jacques Rousseau.

Ainsi en est-il encore de nos jours, où nous voyons, par exemple, MM. de Varigny, de Polignac et Mesplé créer la puissante « Société de Géographie de l’Afrique du Nord » (1897), et un savant archéologue, le chanoine Ulysse Chevalier, plus tard membre de l’Institut, fonder la « Société d’histoire ecclésiastique et d’archéologie religieuse » de Romans (1880).

Dans tous les cas, les universités, véritables pépinières d’académiciens, ont devancé la création des académies. Même la plus ancienne de ces compagnies, celle des Jeux Floraux (1325), est postérieure de plus d’un siècle à la fondation, en 1230, de l’Université de Toulouse. Les premières universités de France remontent, on le sait, au XIIe siècle ; celle de Paris fut créée vers 1150 et celle de Montpellier vers 1181. Le XIVe siècle ne vit naître que celle de Grenoble. Le XVe siècle fut au contraire la belle époque des nouvelles universités : Aix-Marseille (1409), Dole (1423) transportée à Besançon en 1485, Caen et Poitiers, en 1431, Bordeaux (1441). Seule, l’Académie de Lyon (1700) a précédé la fondation très tardive (1808) de l’Université de cette ville.