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LE RÉVEIL
DES
ACADÉMIES DE PROVINCE

Les Académies de nos provinces ou, comme on dit maintenant, de nos régions, qui furent autrefois si brillantes, et dont le rôle politique et social fut si actif à la veille de la Révolution, sont-elles en train de retrouver, sous une forme nouvelle, leur éclat d’antan ?

La question est d’importance, car on sait que, dans notre pays surtout, les mouvements d’idées précèdent toujours, et parfois de loin, les mouvements politiques, économiques ou sociaux. Or cette rénovation des Académies correspondrait précisément avec l’un des mouvements qui paraissent les plus profonds dans la vie française contemporaine, le régionalisme ou la décentralisation qui a pour but, en développant la vie régionale, de faire, selon l’expression de M. Maurice Croiset, « une France plus forte, connaissant mieux ses ressources et plus capable de les bien employer. »

Les signes de cette renaissance des Académies régionales sont nombreux. Les centenaires de ces Compagnies, comme ceux de Metz et de Chambéry, les bicentenaires, comme celui de Bordeaux, les troisièmes centenaires, comme celui d’Annecy, ou septièmes centenaires, comme celui de la Faculté de médecine de Montpellier, se succèdent, fêtés avec éclat. Et les grandes Académies parisiennes s’empressent de se faire représenter à ces cérémonies. Le magnifique développement actuel de la vie académique, et particulièrement de la vie savante, semble infuser à ces vieux corps une vie nouvelle. L’Institut crée une section de « membres non résidant, » à l’Académie des Sciences, ou réserve, à l’Académie des Inscriptions et à l’Académie des