la Prusse. Cet article, plus modéré, mais très aigre, vise au ton dégagé. On y reproche aux dites correspondances leur pathos furibond, et d’avoir employé leur grosse artillerie pour tirer à boulets rouges contre un romancier mauvais plaisant (einen losen Vogel) qui n’a cure que d’arrondir sa phrase et de divertir son monde. La Gazette de Cologne se donne beaucoup de peine pour découvrir le quelqu’un qui est derrière moi. Elle le cherche tantôt à Berlin, tantôt à Stuttgart, elle pousse même jusqu’à Vienne, où elle me fait converser avec M. de Beust. L’article se termine par des insinuations mêlées de menaces contre mes inspirateurs « qu’on connaît déjà qu’on connaîtra mieux encore par la suite de mes articles. » Conclusion : il importe de tromper cette curiosité et de ne point laisser deviner le nom des personnages marquants que j’ai pu voir à Berlin.
« Je vois que ce qui a le plus irrité est cette thèse si vraie, si fondée, qu’à Nikolsbourg la Prusse a trahi la cause allemande, qu’il dépendait d’elle de faire l’Allemagne, qu’elle a mieux aimé prendre et s’arrondir. Puisque cette affaire lui tient si fort au cœur, il faudra que j’y revienne dans mon dernier article et que je réponde aux fins de non recevoir que m’oppose la Gazette de Cologne. En attendant, je travaille de mon mieux à débrouiller cet embrouillement systématique qu’on appelle la Constitution de la Confédération du Nord… Le premier Cologne en question n’est point écrit au point de vue des nationaux libéraux, il n’y est rien dit pour leur défense. Je suis persuadé qu’il émane du Ministère : on y trouve des phrases qui sentent d’une lieue le Bismarck et son entourage. Les dernières sont ainsi conçues : « Nous savons maintenant où nous devons chercher les alliés de ceux qui regardent d’un œil jaloux la grandeur de la Prusse. Peut-être se révéleront-ils plus clairement encore, dans la suite des articles de la Revue qui nous sont annoncés. Mais leur signalement est déjà suffisamment reconnaissable pour quiconque veut voir. Signalement qui n’a rien de sombre : leur extérieur est tout à fait agréable, mais celui qui a des yeux doit dire, dès aujourd’hui, sous forme d’avertissement : « Romain, prends garde à cet homme ! » Hune tu, Romane, caveto[1]. »
- ↑ Inédite.