Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/874

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

finale de la question allemande ; c’est aller bien vite en affaires, mais il est certain que les unitaires ne tiennent pas la corde, et je ne vois que deux éventualités qui peuvent les remettre à flot : une menace imprudente de la France, ou les menées non moins imprudentes de l’ultramontanisme en Bavière et dans le duché de Bade.

« Les troubles de Paris ont fait sensation ici et éveillé les espérances. Les radicaux se flattaient que c’était le commencement d’un mouvement social qui se communiquerait à l’Allemagne ; les gouvernementaires se plaisaient à croire que le Gouvernement français allait se trouver aux prises avec des embarras intérieurs assez sérieux pour paralyser son action au dehors. En revanche, ce que redoute par-dessus tout le Gouvernement prussien, c’est un développement libéral et pacifique en France… (V. Cherbuliez)[1]. »

À Berlin, Victor Cherbuliez se met immédiatement en rapport avec « les deux hommes qu’on appelle le bras gauche et le bras droit de M. de Bismarck : M. Abeken et M. de Kendell ; » il compte voir le grand homme la semaine prochaine, avant son départ pour Verzin, à Potsdam. Il sera reçu par la Princesse royale à Baden ; il se présentera aussi devant la Reine qui lui a fait dire de ne pas quitter l’Allemagne sans l’aller voir. Ce message-ci parvint à Victor Cherbuliez par le secrétaire de la reine de Prusse qui était à cet. te heure son ami Brandis, fils du professeur chez lequel Cherbuliez, jeune étudiant, passa quelques mois à Bonn.

François Buloz fut enchanté de la lettre de son rédacteur ; elle lui faisait « pressentir un excellent travail. » — Il dut, je pense, lui recommander de relire celui de Klaczko sur les Préliminaires de Sadowa, car le 30 août Victor Cherbuliez lui répond : « Je viens de relire les deux remarquables articles de Klaczko sur les Préliminaires de Sadowa. J’y ai trouvé l’idée d’une Belgique allemande dont nous parlions à Ronjoux. Il en était question avant la guerre de 66… Ces articles de Klaczko sont trop bien faits, trop exacts, trop complets, pour que j’aie la moindre velléité de revenir sur les Préliminaires de Sadowa. Mon sujet, c’est ce qui a suivi Sadowa, la situation politique qui a été le résultat de la paix de Prague. Je pourrais intituler

  1. Inédite.