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Ce personnage de Klaczko pour qui sut le feuilleter dut être passionnément intéressant. François Buloz obtint de lui une collaboration très suivie entre 1860 et 1870. Personne ne connaissait mieux la question des insurrections polonaises, des congrès, de la politique slave, etc. . Mais il s’éprit de Marie Buloz : François Buloz dut écarter un peu le rédacteur trop bouillant ; il disait : Je ne veux pas que ma fille aille mourir au fin fond de la Pologne !


VICTOR CHERBULIEZ ET LA PRUSSE DE 1869

En 1869, François Buloz envoya l’auteur de Ladislas Bolski en Prusse : « Vous savez que de tout temps je vous ai parlé d’une mission au dehors qui vous permettrait de vous rafraîchir et de faire de nouvelles provisions. Je voudrais vous parler de cette mission qui serait pour vous, je l’espère, une occasion agréable de recueillir peut-être un nouveau sujet de roman, et à coup sûr de faire un travail important, grand même par le but, et qui pourrait vous donner un lustre de plus… Venez donc, je vous prie, à Ronjoux, et répondez-moi le plus tôt possible[1]. » Victor Cherbuliez sembla à François Buloz tout désigné pour cette mission. Depuis deux ans, depuis Sadowa, une enquête s’imposait ; l’Europe inquiète se demandait « ce que la Prusse comptait faire de sa victoire. » Hélas ! on le sut bientôt. Cherbuliez, qui comptait de nombreuses relations dans le journalisme, et parmi les hommes politiques et les diplomates allemands de l’époque, devait mener à bien cette enquête. Il fut enchanté d’en être chargé, partit en mai, comptant passer par Carlsruhe, Francfort, Cologne, Berlin, visiter Dresde, Munich et Vienne.

De Berlin, le 13 juin[2] il écrivit à François Buloz :


« Cher monsieur, 

« J’attendais pour vous écrire de m’être un peu retourné et orienté dans Berlin, ce qui ne se fait pas en un jour ; la société et la politique allemandes sont un peu comme la science allemande : c’est confus, cela manque d’ordre et de composition, et il faut du temps pour y voir clair. Je me flatte d’avoir très bien employé mes journées, et si la suite de mon voyage répond au

  1. 9 avril 1869 (inédite).
  2. 1869. Berlin, Friedrichstrasse, 271.