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salon et les caprices de boudoir auront beau se cacher, elles n’en seront pas moins ce que le catholicisme a toujours flétri sous le nom d’adultère, de fornication, de concubinage. »

Voilà ! Tout ce débordement est causé par un article de M. Gouraud sur l’Italie, son avenir, ses partis et ses publicistes[1], qui a déplu à la Civiltà. De quoi se mêle l’auteur de cet article ? ne donne-t-il pas une leçon à l’Italie qu’il traite de « peuple déchu, » lorsqu’il vient gémir et se lamenter sur la profondeur de l’abime où il la croit tombée ? L’article a trois colonnes et demie. On y relève cette période, — entre autres : « À l’époque où les doctrinaires voltairiens furent pris d’une si grande frayeur en entendant rugir autour d’eux le communisme déchaîné en 1848, la Revue des Deux Mondes prit une attitude presque catholique ; et alla jusqu’à publier un article de Louis Veuillot. Mais lorsque la peur fut passée, avec elle se dissipa également cette conversion éphémère, et ce fut peut-être pour racheter cette condescendance, que, peu de temps après, on nous faisait lire une demi-apologie du schisme russe, dans laquelle nous ne savons trop si l’on se contentait d’augurer, ou si l’on prétendait prophétiser qu’un jour ou l’autre le tsar de Saint-Pétersbourg chassera le Pape de Rome et deviendra le seul et unique chef de la religion chrétienne. »

Voici la lettre indignée de François Buloz à Louis Veuillot après la lecture de cet article :


Paris, le 7 mai 1857.

« Convenez, mon cher monsieur, que les écrivains catholiques ou absolutistes sont des hommes étranges. Ils sont toujours prêts à nous dire anathème, et quand ils veulent s’adresser au public modéré et éclairé… c’est toujours à nous qu’ils viennent ! Il est vrai qu’ils ne manquent pas après de nous maudire encore, ainsi que vient de le faire l’Univers du 5 mai[2] en reproduisant le sot article de la Civiltà Cattolica, ce recueil tant répandu, dites-vous, que si peu de gens dans le monde connaissent et lisent, et qui commet les plus grosses balourdises en nous faisant menacer le pape du tsar russe, tandis que nous avertissions le pape de l’ambition et des prétentions religieuses du tsar ! On n’est pas plus ignorant et de plus mauvaise foi !

  1. 15 janvier 1857, Revue des Deux Mondes.
  2. Erreur, l’article parut le 30 avril.