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écrites. Je regrette, mon cher monsieur Champfleury, etc.[1]. »

À la fin de l’année 1863, le Journal de Genève fit passer une note sur la prétendue négociation de François Buloz avec Michel Chevallier pour la vente de la Revue. François Buloz s’indigna : « J’aurais voulu apprendre la chose de vous-même, » écrit-il à Michel Chevalier, « et je me demande comment ce fait, qui n’a aucun fondement, court dans les feuilles publiques ; qui donc se permet de mettre ainsi nos noms en avant ?[2] » ; puis il appréhende Victor Cherbuliez : qu’il fasse démentir incontinent ce bruit dans le Journal de Genève. Ce n’est qu’une rectification à obtenir. Le Journal de Genève ne saurait s’y refuser, et puis : « Les Péreire et M. Michel Chevalier, leur homme, veulent faire une Revue pour la démocratie impérialiste, et pour servir à leurs opérations financières. On m’a fait sonder en effet par mon imprimeur, mais j’ai reçu l’ouverture de façon à ne pas l’encourager. Il y a quelques années, quand un ami de M. de Girardin vint m’offrir un marché pareil, je me bornai à lui répondre : « Si je voyais la prose de M. de Girardin s’étaler dans la Revue, vos 1 200 000 francs ne m’empêcheraient pas de mourir de chagrin… » Si Michel Chevalier venait m’offrir le double et le triple pour faire de la Revue un organe de la démocratie impérialiste comme il dit, en y ajoutant, par un surcroît d’honneur, la défense des opérations financières que nous connaissons, ma réponse ne serait guère différente. C’est en vain qu’on me menace de cette concurrence ; l’attache qu’elle portera ne la rend pas très redoutable ; il y a d’ailleurs des choses qui ne se font pas, et vous m’obligeriez de détromper le public à l’étranger, car à Paris, on ne peut me croire capable d’une telle fin[3]. »


LES ATTAQUES DE LOUIS VEUILLOT

En 1867, Cherbuliez publia Prosper Randoce. C’est un caractère assez bizarre que celui de ce héros. Eloquent et fourbe, vindicatif, la larme à l’œil ou le pistolet au poing, d’un lyrisme facond, mais souvent intéressé, tel est ce Prosper Randoce.

  1. 23 octobre 1858 ; adresse rue de Longchamp, 30, à Neuilly.
  2. 11 novembre 1863. Inédite.
  3. 12 novembre 1863. Inédite.