curés et dix vicaires s’étaient concertés pour prêter serment « comme et autant que le permettait la religion catholique, apostolique et romaine dans laquelle ils voulaient vivre et mourir. » Le district, en garde contre cette rédaction alambiquée, promit de l’accepter si on retranchait les mots et autant que, lesquels subordonnaient la prestation du serment à sa compatibilité avec la religion. Les signataires, à l’exception de deux vieillards, ne voulurent pas se laisser prendre au piège ; mais leur serment ne fut pas agréé. — Dans le district de Pontarlier, six curés et douze vicaires adoptèrent la formule conditionnelle : « comme et autant que le permettait la religion. » D’autres curés et vicaires exceptèrent de leur serment « tout ce qui ne serait pas conforme à la religion... tout ce qui n’était pas de l’ordre civil et politique. »
Nous avons suivi le drame de conscience chez les prêtres qui avaient refusé le serment, à travers les nuages où se débattait la question, et la pression exercée sur eux de tant de côtés. Ce drame, que nous avons constaté chez ceux qui ont refusé le serment, nous le retrouvons avec un autre caractère chez nombre de ceux qui l’ont fait. C’est l’angoisse des assermentés après celle des insermentés. Drame de conscience d’avoir à prêter le serment, drame de conscience de l’avoir prêté lorsque cette conscience d’abord vaincue recommence le combat, allume le remords, et amène nombre de délinquants à se rétracter. L’épreuve fut peut-être plus grande dans le second cas que dans le premier.
Il y eut une foule de rétractations, et c’est peut-être là en ces évolutions d’âme, qu’apparaît le mieux le drame intérieur. Dans la question qui nous occupe, attendons-nous à trouver moins de changement dans les parties extrêmes du clergé. La droite s’est prononcée contre le serment et reste ferme dans sa décision. La gauche, formée par le clergé constitutionnel, a une extrême gauche qu’il faut à peu près désespérer de ramener. Il ne semble pas qu’il faille ranger parmi les tourmentés et les futurs rétractés, ce curé de Le Vieil-Dampierre, Nicolas Anchier, qui s’était écrié après avoir juré : « Voilà mon serment. Si j’y suis infidèle, que la voûte du ciel s’appesantisse sur moi et me