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Tu as dû lire dans les journaux que je suis nommé Commandeur ? Quand on prend du galon !...


20 avril 1915.

Je profite de cette stagnation pour mettre au point quantité de choses qui clochent afin que, le jour venu, l’on soit aussi fort que possible.

Le général Joffre est venu aujourd’hui inspecter le D. A. L. [1] et, par un radieux soleil, devant mes réserves massées dans une ordonnance imposante, sur les sommets du Grand Couronné, face à Metz à peine perceptible dans la brume, il m’a remis la croix de Commandeur. A. l’Ouest, le canon tonnait sur le Bois Le Prêtre... C’est un beau souvenir !...

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Il ne faut pas considérer les choses subjectivement : il faut voir le but général, la victoire qui est certaine ; y contribuer selon le mode imposé par la mission, les ordres : tel est le devoir, et, quelle que soit la consigne, elle est belle.

Quant à dire qu’ensuite il n’y aura plus de guerre, permets-moi de ne pas partager cette opinion ; nous entrons dans une ère de bouleversement, la période qui s’ouvre sera des plus agitées et pour la France, vraisemblablement glorieuse.

Confiance, espoir, courage ! Il faut avoir le cœur au-dessus de tout, orienté très haut. C’est ainsi seulement qu’on goûte la joie de vivre, quoi qu’il arrive.


Général HUMBERT.

  1. Détachement d’armée de Lorraine.