qui n’a ni relations officielles, ni principes communs avec les autres États.
La Pologne traverse une grave crise de résurrection. Le 2 juin, le chef de l’État, maréchal Pilsudski, ayant mandé les membres du cabinet présidé par M. Ponikowski à son palais du Belvédère, leur exprima en termes si vifs son mécontentement de leur politique, qu’ils le prièrent incontinent d’accepter leur démission. La crise était ouverte sans aucune intervention du Parlement, par la seule initiative du chef de l’État. Pour quelles raisons ? Il s’agirait, dit-on, d’un désaccord avec M. Skirmunt sur la politique extérieure de la Pologne : le chef de l’État estimerait celle du ministre, qui a si dignement représenté la Pologne à Gênes, trop peu active, notamment en Ukraine ; peut-être aussi y eut-il conflit avec le ministre des finances M. Michalski qui aurait refusé au Maréchal certains crédits non inscrits au budget et destinés à soutenir la politique polonaise dans le Sud-Est. Quoi qu’il en soit, la crise a mis en conflit le chef de l’État et l’Assemblée constituante. Qui désignerait le nouveau Président du Conseil ? La constitution votée le 17 mars 1921 confère cette prérogative au chef de l’État ; mais elle ne doit entrer en vigueur qu’après les élections, fixées au 1er octobre prochain, qui donneront à la Pologne une Diète et un Sénat. En attendant, la Pologne est régie par la « petite constitution » et l’unique autorité souveraine est celle de l’Assemblée constituante dont le chef de l’État n’est qu’une émanation. A elle appartient le droit de désigner le Président du Conseil. Telle est du moins la thèse des fractions du centre et de droite. Par une étrange anomalie, ce sont les partis de droite qui défendent les prérogatives de l’Assemblée où ils possèdent une majorité, d’ailleurs précaire, et ce sont les partis de gauche qui, avec l’appoint des fractions non polonaises (allemands et juifs), revendiquent pour le chef de l’État des pouvoirs plus étendus.
En fait, après trois semaines de pourparlers, la politique du Belvédère parut l’emporter. Le maréchal Pilsudski désigna comme Président du Conseil, le 25 juin, M. Sliwinski, homme politique radical, enclin à suivre les directions du chef de l’État ; le nouveau Président constitua son ministère avec M. Narutowicz aux Affaires étrangères et se présenta, le 3 juillet, devant l’Assemblée constituante, qui vota, par 201 voix contre 195, un ordre du jour de défiance qui provoqua la démission du Cabinet. Les partis nationaux de droite ont besoin, pour obtenir cette faible majorité, de l’appoint du petit groupe (16 membres) de conservateurs galiciens qui s’intitule