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Rien non plus pour comprimer les dépenses, bien au contraire ; certains travaux publics ont un caractère nettement somptuaire ; certains chemins de fer sur la rive gauche du Rhin ne peuvent avoir qu’un intérêt stratégique et la Conférence des Ambassadeurs a eu dernièrement à s’en occuper. Toute une politique d’indemnités pour les logements ouvriers, pour la navigation, pour les municipalités, pour les théâtres, peut être ajournée à des temps plus tranquilles. Le budget allemand doit cesser d’être un moyen de propagande nationaliste. Ce ne sont pas les réparations qui ont amené le chiffre des billets en circulation au 30 juin 1922 à 179 milliards de marks.

Ce qu’il est, pour le moment, raisonnable d’accorder à l’Allemagne c’est un moratorium très court qui lui permette seulement de prouver que ses intentions ont changé et qu’elle est décidée à appliquer et à compléter les mesures de contrôle arrêtées de concert avec le Comité des garanties. Si la Commission des réparations accordait de piano, sans conditions, une prolongation à plus lointaine échéance, les Alliés seraient désarmés pour trois ans et impuissants à soutenir contre ses adversaires le Gouvernement du Reich. Et c’est d’ici à trois ans qu’il faut aider l’Allemagne à se sauver elle-même.

D’ailleurs si un moratorium est accordé à l’Allemagne, il devrait s’en suivre un moratorium général pour toutes les dettes de guerre de tous les pays ; on s’acheminerait ainsi vers une solution générale et un règlement transactionnel de toutes les dettes. Tous les changes sont solidaires comme toutes les dettes. Si la bonne volonté de l’Allemagne était constatée et efficace, ne pourrait-on pas, dans quelques mois, réunir une conférence des directeurs de toutes les grandes banques d’émission et de toutes les grandes entreprises de production économique ou d’échanges, afin de parvenir à la constitution d’une caisse internationale de garanties qui rendrait possible une série d’emprunts de liquidation, échelonnés sur quelques années, et dont les premiers seraient destinés aux réparations. La monnaie allemande, comme celle de l’Autriche, de la Pologne et de plusieurs autres pays, ne peut plus être assainie ; il faudra en venir à l’émission de monnaies nouvelles. Mais aucune solution de ce genre n’est possible sans, comme point de départ, l’établissement d’un contrôle complet sur la vie économique et financière de l’Allemagne. La première et la plus utile des sanctions aux manquements que la Commission des réparations pourra, et peut dès maintenant, constater de la part de l’Allemagne, sera de préciser et de renforcer les droits et les pouvoirs du contrôle interallié. Les sanctions que les Alliés