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au bon fonctionnement du contrôle. Il est nécessaire que le contrôle soit effectif ; — M. Raoul Péret, président de la Chambre, a insisté avec raison sur ce point dans l’excellent discours qu’il a prononcé le 23 à Montmorillon — et, pour cela, il ne suffit pas que les délégués du Comité puissent signaler les abus et les manquements, il faut surtout qu’après examen, ils obtiennent à coup sûr satisfaction et que tout refus non justifié soit suivi de sanctions automatiques. Les délégués du Comité se prêteront avec bonne grâce à sauver les apparences et à respecter le principe de la souveraineté allemande, pourvu qu’en fait leurs avis soient écoutés et ne puissent pas être négligés. Il ne s’agit pas ici d’un fils de famille prodigue dont il convient de modérer les appétits ; c’est un banqueroutier dont il faut réformer les pratiques frauduleuses. C’est seulement à la condition qu’il y consente sans réticences ni réserves qu’il sera possible de lui accorder les délais I qu’il sollicite. L’expérience seule en décidera. Si l’Allemagne sollicitait franchement le concours de ses créanciers dont, — on ne saurait trop le répéter, — les intérêts sont solidaires des siens, et si elle se pliait avec toute sa bonne volonté à une collaboration qui assurerait à la fois son salut et le paiement de ses dettes, il est évident qu’il y aurait intérêt à lui accorder un moratorium assez long pour lui permettre de rétablir l’équilibre de son budget, de stabiliser et d’améliorer son change, d’arrêter l’exagération de la circulation fiduciaire. Ainsi les autres États pourraient reprendre confiance dans le crédit de l’Allemagne et envisager une série d’opérations d’emprunts internationaux gagés sur ses ressources, garantis par l’ensemble des Puissances civilisées et dont l’objet serait le règlement de toutes les dettes.

Mais les dispositions de l’opinion et des partis, celles même du Gouvernement, en Allemagne, ne sont pas telles qu’on puisse leur faire confiance sans précautions. N’est-ce pas le chancelier Wirth lui-même qui déclarait, le 27 octobre 1920, en présentant son budget au Reichstag : « Le budget d’exécution du Traité de paix est le meilleur moyen d’agitation dont le peuple allemand dispose, et il doit être répandu par millions d’exemplaires dans le monde entier ? » Les budgets du Reich, en effet, ont toujours été truqués ; les chiffres sont exagérés, des dépenses qui ne sont imposées par aucun article du Traité y figurent ; certaines indemnités pour les pays occupés sont majorées dans un dessein qu’il est facile de deviner. Rien de sérieux n’a été fait pour accroître les recettes : par exemple, les tarifs de chemins de fer sont cinq fois moins élevés qu’en Tchécoslovaquie.