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Chronique 31 juillet 1922


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Les tristes séances de la Chambre où M. Poincaré s’est vu obligé de défendre, contre les calomnies des communistes, l’honneur de la politique française, ont eu leur épilogue dans la rue ; le 14 Juillet, tandis que la population parisienne acclamait l’armée et le Président de la République avec cet enthousiasme délicatement nuancé où se révèle son merveilleux sens national, un jeune homme nommé Bouvet, connu pour un militant de l’anarchie, a tiré deux coups de revolver sur l’automobile du préfet de police à l’angle de l’avenue Marigny et des Champs-Elysées ; il supposait que, dans la voiture, se trouvaient M. Millerand et M. Poincaré. Une seule personne, dans la foule, a été très légèrement touchée par l’un des projectiles. L’assassin, immédiatement arrêté, paraît être surtout un malade. Il se trouve toujours des cerveaux malades dont la logique impulsive exécute ce que conçoivent les cerveaux pervers : c’est la parole, écrite ou parlée, qui tue. On n’insistera jamais assez sur les responsabilités de l’écrivain ; on ne réprimera jamais assez la prédication du crime ; on n’agira jamais assez sur l’opinion pour détruire l’effet des propagandes délétères. Il se fait en France, avec l’appui de l’argent étranger, une propagande subversive qui ne trouve que trop de complaisances. Il est temps de reprendre l’éternelle lutte.

L’effondrement du mark allemand produit l’effet que les créanciers redoutaient et qu’espéraient les débiteurs. Le Gouvernement du Reich, invoquant l’impossibilité de s’acquitter en une monnaie aussi dépréciée, adresse à la Commission des réparations, le 12 juillet, une lettre par laquelle il demande un moratorium, pour la fin de l’année 1922 et pour les années 1923 et 1924, en, ce qui concerne les paiements en espèces prévus par « l’état des paiements » du 5 mai 1921 et aussi en ce qui concerne les paiements, prévus au titre des compensations, par les accords du 10 juin 1921. Il invoque l’aide de