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REVUE LITTÉRAIRE

L’INFLUENCE ALLEMANDE EN FRANCE [1]

M. L. Reynaud avait donné, l’année de la guerre, une Histoire générale de l’influence française en Allemagne ; et voici, du même auteur, une histoire de l’Influence allemande en France au XVIIIe et au XIXe siècle. En réunissant les deux ouvrages, nous avons, pour les deux derniers siècles du moins, le compte ou le bilan des échanges intellectuels que les deux pays ont pu faire. Le premier volume était écrit dès avant la guerre : il est bien clairvoyant ; le second, si l’information de la guerre et de la victoire s’y trouve, garde pourtant une sérénité parfaite et la même impartialité que l’autre. Et la conclusion ? C’est que l’influence française en Allemagne a été bienfaisante ; l’influence allemande chez nous, profitable quelquefois, le plus souvent mauvaise, est toujours extrêmement périlleuse.

Bienfaisante, notre influence : les époques où la civilisation d’outre Rhin s’est le mieux développée sont, dit M. Reynaud, celles où l’Allemagne « a été le plus étroitement dépendante de nos mœurs et de nos idées. » Sans la France, l’Allemagne demeurait en barbarie ; et, quand elle secoue notre influence, elle retourne à une barbarie qui lui est naturelle.

Périlleuse, l’influence allemande : elle s’exerce à l’encontre de notre génie, lequel existe par lui-même ; et elle a risqué de l’obscurcir, de le détériorer, de l’anéantir.

Est-ce que l’influence allemande ne nous a point rendu quelques services, d’autre part ? Oui, répond M. Reynaud : « de même que les

  1. L’influence allemande en France au XVIIIe et au XIXe siècle, par M. L. Reynaud (librairie Hachette). Voyez la Revue du 1er février 1915.