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SAINTE-CROIX D’ORLÉANS
LE GOTHIQUE DES CLASSIQUES [1]

Sainte-Croix d’Orléans est un monument méconnu. On lui reproche de n’être qu’une réfection moderne, du vieux neuf. Un jeune érudit, M. le chanoine Chenesseau, a entrepris de démontrer l’absurdité de ce préjugé. Il a consacré à cette église, si injustement décriée, une étude pleine de zèle, de savoir et de goût, véritable modèle de critique à laquelle l’Académie française vient de décerner un de ses grands prix. Désormais la cause est entendue. Il en est de cette cathédrale comme de ces prétendues laides qui récompensent ceux qui les aiment et tiennent plus que leurs promesses. On devra tenir Sainte-Croix pour un des édifices les plus précieux qu’il y ait en France.

Sainte-Croix, on le sait, a été construite tout entière aux XVIIe et XVIIIe siècles. C’est l’œuvre de la Maison de Bourbon, œuvre qui a duré autant qu’elle, et qui l’a occupée pendant ses deux cents ans de règne : commencée sous Henri IV, elle ne fut achevée que sous Charles X, à la veille des journées de Juillet, qui devaient emporter l’ancienne monarchie. Cet ouvrage de sept rois mesure exactement la vie de la dernière et de la plus illustre des « races » capétiennes. Or, en voici le grand intérêt. On répète que l’époque classique n’a rien compris au Moyen-âge. Les uns lui en font un crime, les autres un mérite, selon qu’ils considèrent l’antiquité romaine, ou au contraire l’esprit gothique, comme la source de notre génie. Je ne puis entrer ici dans cette controverse. Mais voici qui peut mettre les

  1. Sainte-Croix d’Orléanshistoire d’une cathédrale gothique réédifiée par les Bourbons, 1599-1829, par l’abbé Georges Chenesseau, docteur ès lettres. 2 vol. gr, in-4o et album, à Paris, Ed. Champion édit. 1921.