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« Ma pauvre femme est toujours dans le désespoir de son Infirmerie ; elle ignore pourtant en partie combien les choses ont été encore plus désastreuses qu’elle ne le croit. Il faut la laisser dans cette ignorance jusqu’à ce que la prospérité soit revenue. Au reste, nous sommes toujours merveilleusement bien traités à Rome, où j’ai eu le bonheur de faire assez bien les affaires du Roi. J’aurai le grand plaisir de vous embrasser après Pâques, mais cela sans rupture, sans bruit, sans toutes ces bêtises et sottises de nouvelles de journaux, tout simplement par un congé en règle, et après que les principaux orages de la session seront passés... » (12 janvier 1829. )


Et voici, quelques jours plus tard, une renonciation aux grandeurs de ce monde, plus catégorique que toutes les précédentes, — où la colère et le dépit font un peu plus que de se laisser entrevoir : c’est que l’intérim de M. de Portails aux Affaires étrangères se prolonge, et qu’on a écrit de Paris que la désignation provisoire aurait des chances de se transformer en nomination définitive :


Rome, ce 27 janvier.

« J’ai reçu votre lettre du 8 avec le petit morceau de la Gazette ; tout cela ne m’importe plus. Je songe à vous, à mes amis, et à moi-même. Je viens d’écrire à Roy. Je donnerais, je vous assure, de mon sang, pour que vous eussiez ce que vous désirez. Une fois votre vie arrangée, vous viendriez la finir avec nous. Il faut aussi songer à vous retirer, à soigner votre santé, et ne plus troubler votre repos des sottises de ce bas monde. Pour moi, j’en suis si las que je ne prends plus à rien. Je vois par les journaux combien on s’occupe de moi ; on ne sait pas à quel point toute idée d’ambition est loin de mon esprit, combien je suis indifférent aux changements de ministre : que ce soit Pierre ou Paul, peu m’importe. Je ne veux que ma solitude de la rue d’Enfer. J’y reviendrai, mais je ne ferai ni scène ni bruit. Je n’ai l’intention de rien brusquer, de ne blesser aucune conscience ; un simple congé en bonne forme me ramènera presque après la session à Paris ; alors, toutes les grandes questions seront décidées ; on ne pourra plus dire que je suis venu pour intriguer, pour entrer au Conseil ; je serai venu pour arranger les affaires de la pauvre Infirmerie, pour soigner ma santé qui