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«... Maintenant, voici un détail plus triste et plus important. Si nous perdons la pauvre sœur, ma femme désire vivement qu’elle soit enterrée dans le petit caveau, sous la chapelle de Sainte-Thérèse. Mais pour cela, il faut obtenir une permission de je ne sais quelle autorité (peut-être le préfet de Paris. ) Demandez, je vous prie, en mon nom, et en celui de ma femme, cette autorisation.

« Si nous avions perdu cette pauvre sœur lorsque vous recevrez cette lettre, et qu’elle fût enterrée quelque part, faites bien marquer la fosse, parce que, dans quelques années, si nous vivons, nous voulons faire exhumer cette compagne de la fondatrice de l’Infirmerie, et la reporter dans le petit caveau.

« Dites de plus, je vous prie, à la sœur Sophie, que je la prie de rester, que sa retraite détruirait l’ouvrage de la sœur Reine, qu’elle doit faire un sacrifice à sa mémoire et à l’attachement de Mme de Chateaubriand pour elle, que Mme de Chateaubriand serait déjà partie si elle n’était malade, pour aller au secours de ses bonnes sœurs et de ses malheureux ; que nous ne tarderons pas à revenir ; que tout s’arrangera ; que nous finirons nos jours ensemble en paix et priant pour notre sainte Reine... Tout à vous, mon vieil ami. »

La sœur Reine, en effet, était morte à la date de cette lettre ; la sœur Sophie était retournée dans son couvent, et M. Le Moine proposait de promouvoir une certaine sœur Mathieu à leur succession. Catastrophe que cette seule perspective !


Ce jeudi, 20 novembre 1828.

« Mille remerciements de tous les détails que vous me donnez de l’Infirmerie. J’en communiquerai à Mme de Chateaubriand tout juste ce qu’il faut lui communiquer. Elle ne veut pas entendre parler de la sœur Mathieu. Cette sœur lui a fait, à je ne sais quelle époque, une réponse impertinente, qu’elle ne lui pardonnera jamais. Il faut aussi à tout prix que la sœur Sophie rentre. Au surplus, soyez sûr que nous ne serons pas longtemps ici : mon parti est pris. Je veux finir mes voyages, et aller mourir dans mon coin auprès de mes vieux amis... . »

Par bonheur, quelques excellentes nouvelles politiques tempèrent les soucis diplomatiques inspirés par tant de remuantes cornettes :