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CHATEAUBRIAND
ET SON MINISTRE DES FINANCES
D’APRÈS UNE CORRESPONDANCE INÉDITE

IV [1]


XIII. — LE PARADIS DE LA RUE D’ENFER

A peine Mme de Chateaubriand a-t-elle eu le temps, en ces derniers jours du mois de juillet 1826, d’ébaucher une installation dans sa nouvelle maison de la rue d’Enfer, — elle avait bien imprudemment juré, l’hiver dernier, de ne s’y installer jamais ! — qu’elle est ressaisie de sa maladie de poitrine habituelle. C’est que le grand homme n’est plus là pour exercer sur elle l’enchantement qui la calme ; demeuré quelques jours après elle en Suisse, il achève d’y mettre au point la quatrième livraison de ses Œuvres complètes. Elle compte les jours jusqu’à son retour ; si la lettre quotidienne qu’il lui a promise comme à une enfant venait, par hasard, à manquer, elle délirerait ; or la dernière de ces lettres, celle qu’il a dû écrire presque au moment de quitter Lausanne, n’est point parvenue ; et ce vendredi 28 juillet. Mme de Chateaubriand envoie une supplication désespérée à M. Le Moine :


Ce vendredi matin.

« Je perds la tête d’inquiétude. M. de Chateaubriand me mande dans sa dernière lettre du vendredi 21 : Je t’écrirai encore lundi 24 et mercredi 26 avant mon départ. Hier, je devais recevoir cette lettre du lundi. Ne l’ayant point, j’ai pensé que le courrier n’arrivait, comme à Lausanne, que le vendredi, et

  1. Voyez la Revue des 1er juin, 15 juin, et 15 juillet 1922.