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Il ne s’agit pas seulement d’extraire du charbon, en quantités de plus en plus grandes, mais il faut encore et surtout le vendre dans des conditions suffisamment rémunératrices. L’organisation du service commercial des mines répond à cette nécessité.

Un service commercial français a été créé ; jusqu’au 1er mars 1921, date à laquelle le commerce des charbons est devenu libre, ce service a été un simple organe de répartition ; il est actuellement un organe de vente. Le principe qui domine l’organisation commerciale est celui-ci : « Tout consommateur industriel peut acheter directement son charbon au producteur. » Aussi peut-on acheter un wagon de charbon, directement aux mines de la Sarre : c’est la suppression du grand intermédiaire.

Le service commercial a commencé à fonctionner en un moment très difficile ; l’année 1921 a été caractérisée par la crise générale qu’a traversée l’industrie ; l’industrie houillère, qui alimente toutes les autres, a particulièrement ressenti les effets de cette crise. En 1920, on pouvait évaluer les besoins de l’industrie française, y compris les trois départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, à 70 millions de tonnes ; or ces besoins n’ont pu être intégralement couverts par les 25 millions de tonnes, de la production nationale, Sarre comprise, les 13 millions de tonnes importés d’Angleterre, les 12 millions de tonnes de réparation allemandes, soit au total 50 millions de tonnes. Mais en 1921, année de sous-consommation, les besoins de la France n’ont pas dépassé 45 millions de tonnes ; inutile de dire que l’appoint fourni par l’Angleterre a été considérablement diminué.

Cette situation de « sous-consommation » n’a pas été spéciale à la France, mais commune à tous les pays habituellement importateurs de combustibles. Il en est résulté que les pays gros producteurs de houille ont dû faire des efforts pour concurrencer les charbons indigènes ; c’est ainsi que les houillères de France et de Sarre ont, directement ou indirectement, souffert de la concurrence anglaise, qui a tout tenté pour reconquérir le marché français. Le consommateur, — que le régime de la péréquation avait déshabitué d’acheter, — attendait