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une impression très favorable. On sait que les porions sont les contre-maîtres des mineurs du fond ; sur eux repose la surveillance constante du travail, du rendement et de la sécurité. Sous l’administration prussienne, seuls étaient nommés porions les candidats ayant suivi la filière régulière des cours à l’Ecole des mines de Sarrebruck ; les études théoriques y tenaient une large place, souvent aux dépens de la formation pratique. Il a paru opportun d’ouvrir la voie de l’avancement à des mineurs ayant fait preuve de capacités professionnelles et d’un caractère énergique, et d’encourager ainsi les efforts de ceux qui cherchaient à s’élever au-dessus de leur condition.

Le recrutement des porions pouvait d’autant plus facilement se faire dans le personnel ouvrier que nos ingénieurs des fosses descendent journellement dans la mine, y inspectent les travaux divers, se rendent compte de visu de l’avancement des tailles, de la direction à donner aux nouveaux travaux, des précautions de sûreté, d’hygiène, etc. Ce fait, normal dans toutes les mines françaises, a beaucoup frappé la population ouvrière, habituée à considérer comme un événement rare la présence d’un ingénieur au fond de la mine. Ainsi qu’on a pu le constater par la diminution considérable des accidents mortels, le résultat du travail personnel de nos ingénieurs ne s’est pas fait attendre.


La direction des mines s’est occupée d’une façon toute spéciale de développer l’instruction et surtout l’instruction française. L’article 14 de l’annexe au traité de paix relative aux mines de la Sarre dit en effet : « L’Etat français pourra toujours fonder et entretenir, comme dépendances des mines, des écoles primaires et techniques à l’usage du personnel et des enfants du personnel et y faire donner l’enseignement en langue française, conformément à des programmes et par des maîtres de son choix... »

Forte de ce texte, qui ne donne prise à aucune discussion, la direction des mines a voulu : 1° ouvrir aux enfants des mineurs des écoles primaires françaises ; 2° perfectionner l’enseignement des écoles existantes ; 3° développer les cours d’adultes en y introduisant la langue française. Le gouvernement de la Sarre a d’ailleurs admis que tous les Sarrois, qu’ils soient ou non employés par les mines, peuvent faire inscrire