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par leurs pouvoirs calorifiques (8 300 calories par kilogr. de charbon gras ; 8 000 pour les charbons flambants. ) Seuls ou mélangés à des charbons moins riches qu’eux en matières volatiles, les charbons gras de la Sarre sont très employés pour la fabrication du coke. Les cokes ainsi obtenus ne possèdent malheureusement pas toutes les qualités de résistance requises pour les usages de la grande métallurgie. Ils sont assez friables, et de densité trop peu élevée. Utilisables et utilisés presque exclusivement dans les hauts fourneaux de faible capacité de l’industrie sidérurgique sarroise, ils le sont plus difficilement dans ceux de 300 tonnes des usines lorraines, et dans ceux, plus grands encore, que tend à adopter l’industrie du fer.

Cette tendance très naturelle des industriels d’accroître la capacité unitaire de leurs hauts fourneaux avait préoccupé les Allemands dès avant la guerre. Pour améliorer le coke obtenu avec les charbons sarrois, et lui donner les qualités d’ordre physique qui caractérisent un bon coke métallurgique, ils avaient depuis 1912 cherché le correctif dans une voie simple et très normale ; en mélangeant des houilles de la Sarre avec des houilles d’autres provenances, plus maigres, c’est-à-dire moins riches en matières volatiles, ils avaient obtenu d’assez bons résultats.

Mais cet appel à des charbons tirés d’autres bassins et particulièrement de la Ruhr présente des inconvénients évidents ; aussi, dès 1920, l’administration des mines domaniales françaises de la Sarre s’est-elle préoccupée au plus haut point de cette question. Sans abandonner les recherches précédemment entreprises dans la voie des mélanges avec des charbons étrangers, elle a orienté plus spécialement ses efforts vers la fabrication du bon coke métallurgique, avec les seuls charbons de la Sarre. Elle a créé dans ce dessein un laboratoire de recherches à proximité de la cokerie d’Heinitz. Une nouvelle méthode de traitement des charbons de la Sarre paraît définitivement trouvée et mise au point. Elle est simple et consiste à distiller partiellement des « fines de la Sarre, » afin de les débarrasser de leur excès de matières volatiles, matières qui d’ailleurs sont recueillies et utilisées. Le charbon « semi-distillé » ainsi obtenu est ensuite mélangé aux charbons courants, et traité suivant l’ancienne formule, dans les fours à coke ordinaires. Les résultats sont, depuis plusieurs mois, sortis du domaine du laboratoire,