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étions en droit d’espérer des stipulations d’un traité équitable.

Il est inutile de dire que certains Allemands ne mirent pas toujours une très bonne volonté à documenter nos ingénieurs ; mais ceux-ci ne se laissèrent pas rebuter, se mirent avec ardeur au travail, stimulés qu’ils étaient par un patriotisme ardent, et de plus, pour certains, par leur origine des régions minières dévastées. En quelques mois, ils prirent une connaissance rapide du gisement et de son exploitation, et furent en état de suppléer, puis de remplacer les ingénieurs allemands.

On ne saurait trop rendre hommage à ces artisans des premiers mois d’après-guerre : incertains de l’avenir, ignorant pendant de longs mois ce que serait la paix, ils n’en firent pas moins preuve d’une magnifique émulation patriotique. Ils eurent à cœur de maintenir dans ces régions le prestige de la France victorieuse, s’attirant le respect et même la sympathie des populations par leur tact, leur activité et leurs connaissances techniques. Deux noms sont à citer et à retenir en évoquant h. période d’activité du contrôle des mines de la Sarre : MM. Jean Siegler et Léon Daum. Rien n’égale l’habileté dont ils ont fait preuve en des moments difficiles.


L’article 45 du traité de Versailles nous donne définitivement les mines de la Sarre possédées par l’Etat prussien. La France en reçoit « la propriété entière et absolue, franche et quitte de toutes dettes ou charges, avec droit exclusif d’exploitation. » La valeur des mines est à valoir sur le montant de la réparation des dommages de guerre. Le 18 janvier 1920, par la mise en vigueur du traité de Paix, l’Etat français prenait possession définitive des mines.

L’ensemble des installations appartenant à l’Etat français comprenait :

1° 30 sièges d’extraction réunissant un total de 156 puits dont 66 servant à la remonte du charbon, et les autres à la ventilation, au personnel, etc. ; 2° 24 lavoirs, destinés à purifier le charbon ; 3° 3 centrales électriques ; 4° une cokerie, une usine de récupération des sous-produits, une usine à briquettes ; 5° 2 ports à Sarrebruck et Luisenthal. Tout cet ensemble était desservi par 75 000 ouvriers, travaillant tant au fond qu’au jour.

Le bassin charbonnier de la Sarre ne s’étend pas seulement