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que par des tisanes et autres drogues de cette espèce, et vous pourrez vous faire une idée approximative de la vie agréable que je mène. Voici les beaux jours revenus, mais les beaux jours ne changent rien à sa situation, et, au moment où je vous écris, elle est plus malade que jamais. Elle est malade, bien sérieusement malade ; toutefois ce que je redoute pour elle, c’est moins la souffrance que l’affaiblissement graduel qui en est la conséquence. Son caractère se ressent de cet état exaspérant, et maintenant elle ne peut plus supporter l’idée de rester seule même quelques heures. Je suis donc confiné à Thias sans autres nouvelles que celles qui m’arrivent par quelques journaux ou quelques visiteurs, et sans autres distractions, pour passer les longues heures du jour et de la nuit, que de dévorer des montagnes de livres. Mais quelque appétit que l’on en ait, cette nourriture elle-même finit par devenir fatigante, et par produire de véritables indigestions. Ajoutez à cela que je suis souvent malade pour mon compte et lorsque cela arrive, je vous réponds que notre maison est gaie. Heureusement Dieu m’a fait la grâce de pouvoir reprendre un peu de santé et un semblant de force, sans quoi je ne sais comment j’aurais traversé cette interminable et cruelle épreuve[1]. »


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. Inédite.