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jetées au feu. Si les autres articles sont semblables au mien, je suppose que ce livre est un reflet assez exact de la rumeur publique dans nos régions, et comme tel, pourrait être de quelque utilité.

La vanité, ou un sentiment meilleur souffrirait sans doute en moi, si M. Montégut, par manque d’information, se trouvait dans l’impossibilité de continuer la notice qu’il a commencée sur moi. Certainement si je pouvais rompre le serment que je me suis fait sur cette matière, cela serait en faveur d’un homme qui a écrit sur moi, et qui est capable de penser de moi et du monde où nous vivons ce qu’il en pense. Mais, hélas ! je me suis promis une fois pour toutes de ne pas faire droit à de telles requêtes, et vous pouvez me croire, il me serait pénible dans ce cas de me déjuger. Je suis certainement confus de paraître si peu obligeant aux yeux de personnes qui m’honorent si bien, et qui me témoignent tant de sympathie. Mais pour bien des raisons, je n’y puis rien, telle est la triste vérité.

Avec votre exemplaire de Sterling vous en trouverez un autre destiné à Mrs Robert Browning qui est actuellement une de vos voisines. C’est une aimable dame et fort remarquable dans notre milieu, la femme d’un poète dont l’œuvre figure parmi les plus hautes (ou celles qui aspirent à le devenir) d’après les meilleurs juges. Je donnerai à M. Montégut une lettre d’introduction pour ce gentleman, qui peut ou non lui être présenté, suivant le désir de M. Montégut, car je n’ai pas écrit à Browning à ce sujet, et ne compte pas le faire, ne correspondant guère que pour affaires avec lui. Il parle couramment le français, est ardent, capable et bien informé. Si les deux hommes se plaisent, M. Browning pourrait être utile à M. Montégut à bien des points de vue concernant l’Angleterre.

Cela est, je crois, tout ce que j’avais à vous dire ; ainsi je suis,

Monsieur, bien sincèrement vôtre.

T. CARLYLE. »


Montégut revint à Londres l’année suivante ; il s’y était, grâce à la Revue, créé quelques relations parmi les écrivains et les hommes politiques ; il y revit aussi les Libri ; il écrivait le 18 janvier 1853, à son directeur :