Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/624

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

volontaire, des lèvres minces, rigides : tel nous apparaît Carlyle méditatif, triste, inexorable.

Émile Montégut, bon journaliste, voulut se documenter auprès de lui et obtenir pour son article quelques renseignements pris à la source : en vain. On verra comment le philosophe formule son refus à François Buloz, dans la lettre suivante écrite en 1832, alors que Montégut était à Londres. Voici cette lettre écrite en anglais, l’original est sous mes yeux :


Chelsea, Londres, 11 février 1852.

« Monsieur,

« Je regrette d’apprendre par votre lettre du 7 que vous n’avez pas encore reçu votre exemplaire de la Vie de Sterling, lequel dûment adressé devait vous être envoyé depuis plusieurs mois déjà. J’espère que vous serez convaincu que la négligence ne vient pas de moi, mais de mes éditeurs, à qui, hier, je l’ai prouvé et reproché. Enfin depuis hier soir l’exemplaire est entre les mains de MM. B. et Lowell’s[1], et vous sera expédié directement.

En outre, s’ils se sont procuré la gravure que je leur ai recommandée, je pense que votre collaborateur la trouvera suffisante pour ce qu’il désire ; en tout cas, dans les circonstances actuelles, c’est la seule ressource que nous possédions.

Le daguerréotype dont cette gravure est la reproduction a été fait sous la surveillance d’un peintre éminent, et c’est bien le meilleur que j’aie jamais vu ; comme trois ou quatre autres essais de daguerréotype ont été exécutés dans la même maison sans aucun succès, je crois que nous ferons sagement en nous en tenant là

Il a paru ici l’autre jour un livre, sorte de dictionnaire je crois, intitulé les hommes du temps, qui pourrait probablement vous être utile dans quelques-unes de vos enquêtes. Je vais conseiller à MM. B. et L. de vous en procurer un exemplaire. Ce livre contient un petit article me concernant ; on m’en envoya les épreuves il y a quelques mois ; elles ne me parurent pas exemptes d’inexactitudes ni de copieuses erreurs de détail, d’ailleurs peu importantes : je ne pus alors les corriger ni m’en occuper d’aucune manière, et les épreuves de cet article furent

  1. Correspondants de François Buloz à Londres.