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a alors étudié avec l’aide de cet écran, — qui permet de ne pas s’inquiéter de la pureté des substances employées en ce qui concerne l’hydrogène, — divers autres éléments chimiques, choisis jusqu’ici parmi les plus légers. Les éléments ainsi examinés ont été les suivants : lithium, glucinium, bore, carbone, azote, oxygène, fluor, sodium, magnésium, aluminium, silicium, phosphore.

On a recherché ceux de ces éléments qui, sous l’influence des Alpha, émettent des noyaux d’hydrogène plus pénétrants que ceux qui, dans l’hydrogène même, sont heurtés par ces particules.

On a trouvé ainsi que parmi les corps étudiés ceux qui rentrent dans ce cas sont les suivants : le bore, l’azote, le fluor, le sodium, l’aluminium et le phosphore.

Ainsi il est dès maintenant prouvé que sous l’influence des rayons Alpha, les atomes de ces six éléments chimiques subissent une désintégration. Le produit de cette dislocation consiste en atomes d’hydrogène arrachés au noyau de ces corps et qu’on recueille.

Le cas de l’aluminium est le plus étonnant peut-être. On observe, — et on mesure, — que l’énergie des particules d’hydrogène arrachées à l’atome d’aluminium est plus grande que celle des particules Alpha qui produisent cet arrachement. Il faut donc que, de quelque manière, la dislocation ait mis en liberté une partie de l’énergie interne de l’atome. Et alors nous nous trouvons en présence du premier cas réel de libération artificielle de la formidable énergie intra-atomique. Et alors le problème de l’utilisation de cette source d’énergie, la plus puissante de l’Univers, cesse d’être une chimère.

Il ne faut point s’imaginer d’ailleurs que les quantités de substances libérées par ces désintégrations soient considérables. Elles sont, répétons-le, très inférieures à ce que peuvent mettre en évidence les procédés d’analyse chimique les plus délicats. Seul le procédé physique que nous avons décrit, et où l’on dénombre un à un les atomes, a pu déceler ces quantités infimes.

Un calcul simple nous montrera que ces désintégrations n’ont lieu que sur une échelle infiniment petite. Quand une particule Alpha du radium C traverse l’aluminium, elle traverse les édifices atomiques d’environ cent mille atomes. Mais deux particules seulement sur un million approchent suffisamment près du noyau intérieur pour effectuer la libération d’un atome d’hydrogène. Or, on sait que l’accumulation des particules Alpha provenant d’un gramme de radium, produit seulement 163 millimètres cubes d’hélium par an. Si nous supposions que toutes les particules Alpha d’un gramme de