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de même qu’une certaine quantité d’acide sulfurique mise en présence d’une quantité indéfinie de soude ou de potasse ne se combine qu’à la fraction nécessaire et suffisante pour le saturer, et se recombinerait à une nouvelle fraction si, par procédé quelconque, on lui arrachait une partie de la base déjà combinée.

Les changements que l’on peut produire dans les atomes en agissant sur leurs électrons planétaires ne sont donc pas permanents, Pour y effectuer un changement permanent, il a donc paru, à ceux qui ont médité sur ces problèmes, nécessaire de briser non plus le cortège électronique du noyau atomique, mais le noyau lui-même.

A priori, il semblait possible d’espérer que si on enlevait une ou plusieurs unités à la charge nucléaire, on produirait une altération permanente du noyau, une transmutation durable de l’atome.

On sait, en effet, que la radioactivité, cette transmutation spontanée de certains éléments, est une propriété de leur noyau atomique. Elle se manifeste notamment par l’émission de rayons Alpha et de rayons Bêta. Ces rayons Alpha sont un bombardement intense de petites particules chargées d’électricité positive. Il est aujourd’hui prouvé que ces particules Alpha sont des atomes d’hélium, ou pour mieux dire des noyaux atomiques d’hélium.

Les rayons Bêta sont formés d’électrons très rapides qui proviennent également du noyau des atomes radioactifs.

Les noyaux des atomes lourds contiennent donc des noyaux d’hélium et des électrons (distincts des électrons planétaires). On a été conduit à en conclure que les noyaux de tous les atomes sont formés d’un assemblage extrêmement stable de noyaux d’hydrogène et de noyaux d’hélium et d’électrons. Si, — comme bien des expériences tendent à l’établir, — on admet que le noyau d’hélium est lui-même une unité secondaire formée de quatre noyaux d’hydrogène et de deux électrons, on est amené finalement à penser que les noyaux de tous les atomes sont formés d’un assemblage, en nombre variable, de noyaux d’hydrogène avec addition d’électrons. C’est presque exactement la vieille hypothèse de Prout.

La question se pose donc d’essayer de disloquer les noyaux des atomes. Les forces qui maintiennent les diverses parties du noyau sont, certes, extrêmement puissantes, puisque, par aucun procédé physique ou chimique. ni par les explosions, ni par les hautes températures et les grandes pressions, le XIXe siècle n’a jamais pu modifier un noyau atomique, et que de là même est venue sa croyance en l’indivisibilité des atomes. Il faut donc, pour l’entreprise qui