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comme l’a fait Mendeléef dans sa célèbre classification. On trouve, comme l’a montré Moseley, que la place d’un élément donné indique exactement le nombre d’électrons qui gravitent dans son atome, ou, — ce qui revient au même, au signe près, — sa charge nucléaire. Ainsi l’hydrogène, l’hélium et le lithium occupent respectivement les trois premiers rangs dans la classification. Cela veut dire que leurs charges nucléaires sont respectivement 1, 2, et 3, ou que 1, 2, et 3 électrons planétaires respectivement gravitent autour de leurs noyaux.

Or, on a constaté depuis longtemps que, par l’action de la décharge électrique, on peut facilement arracher un ou plusieurs électrons extérieurs des atomes. On obtient le même résultat dans certains cas par l’action de la lumière. Ainsi celle-ci, lorsqu’elle tombe sur les métaux qu’on appelle photo-électriques, leur arrache un grand nombre d’électrons qui sont projetés vers l’extérieur sous forme de rayons cathodiques à faible vitesse.

Mais, me dira-t-on, s’il en est ainsi, on peut donc, par la décharge électrique et la lumière, produire une transformation, une dislocation de l’atome, et le problème de la transmutation est depuis longtemps résolu. Oui et non. Ce qui enlève tout intérêt à l’arrachement de quelques électrons aux atomes par une action lumineuse ou électrique, c’est que cette diminution, cette démolition des atomes est toute temporaire. Il existe en effet en grand nombre, dans les interstices des atomes et des molécules, des électrons libres qui circulent dans le vide interatomique de même que, dans la théorie longtemps classique des comètes, celles-ci sont des astres circulant librement dans le vide interstellaire jusqu’au jour où elles sont captées par notre soleil pour s’être trop approchées de lui. Eh bien ! dans le cas de nos atomes, il se passe quelque chose d’analogue : lorsqu’un électron planétaire externe a été arraché à l’attraction du noyau, celui-ci aussitôt capte un des électrons libres voisins, ce qui rend à l’atome sa structure initiale. Si cette captation a lieu, ce n’est pas seulement, — comme dans le cas du soleil et des comètes, — parce que l’électron capté s’est trouvé imprudemment près du noyau ; c’est surtout parce que le pouvoir attirant de celui-ci n’étant plus neutralisé par le nombre nécessaire d’électrons, il complète ce nombre jusqu’à saturation de son avidité. L’analogie entre le système solaire, ou tout autre système stellaire, et la structure atomique ne se poursuit donc pas sur ce point.

J’emploierai plutôt ici d’autres analogies. Le noyau atomique capte un nombre d’électrons tel que son pouvoir attirant soit neutralisé,