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éléments chimiques, a définitivement prouvé que l’atomisme moniste, sous la forme que lui avait donnée l’intuition géniale de Démocrite et de Leucippe, est conforme aux données les plus récentes de la science, à l’encontre de l’atomisme pluraliste de Dalton. Multa renascentur... Ainsi nos conceptions de la matière sont plus proches aujourd’hui de celles de quelques hommes qui vécurent il y a 25 siècles que des idées régnantes il y cinquante ans. « De la modernité de Lucrèce et de l’ancienneté de Dumas, Dalton et Stas, » voilà qui ferait un beau sujet de thèse à soutenir en Sorbonne !


Ces recherches ont conduit à admettre que les atomes des divers éléments sont tous analogues à de petits systèmes solaires en miniature. Ils comportent un astre central qu’on appelle le noyau de l’atonie, et autour duquel circulent, sur des orbites diversement inclinés, un certain nombre de ces planètes infimes que sont les électrons. Ces planètes, ces électrons, chargés d’électricité négative, sont maintenues en équilibre autour du noyau par l’attraction électrique de celui-ci qui est chargé d’électricité positive, de même que les planètes sont maintenues autour du soleil par la gravitation.

Les électrons occupent autour du noyau atomique un espace, qui est de l’ordre de deux dix-millionièmes de millimètre, et qui est naturellement un peu plus grand pour les atomes lourds que pour les plus légers, puisque dans ceux-ci le nombre des électrons planétaires est moindre. Le diamètre du noyau des atomes lourds est de l’ordre de quatre cent-millièmes de millionième, de millimètre. C’est-à-dire que ce diamètre est à peu près 5 000 fois plus petit que celui de l’atome. Dans le cas des atomes légers le noyau est encore plus petit, et pour l’hélium (le plus léger des gaz connus après l’hydrogène), on estime que son diamètre ne dépasse pas cinq trillionièmes de millimètre.

Si un certain nombre d’électrons, possédant chacun la même charge élémentaire d’électricité négative (qu’on appelle c et qui est connue), circulent autour du noyau d’un atome, ce noyau possédera donc, — puisque l’équilibre existe, — une charge d’électricité positive égale à autant de fois la charge négative d’un électron, qu’il y a d’électrons planétaires. La charge électrique du noyau, la charge nucléaire comme on dit, suit une règle très simple indiquée par un jeune physicien anglais, depuis tué aux Dardanelles, Moseley. Je reviendrai sur cette règle à propos des isotopes. Plaçons, par ordre de poids atomiques croissants, tous les éléments chimiques connus.