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REVUE SCIENTIFIQUE

ALCHIMIE MODERNE

On ne saurait s’exagérer l’importance des expériences récentes par lesquelles le grand physicien anglais sir Ernest Rutherford a pour la première fois réalisé la désintégration, c’est-à-dire la transmutation, de certains éléments chimiques.

Sir Ernest Rutherford s’était déjà avant ces travaux récents, rendu célèbre par maintes découvertes, notamment par celle de l’émanation du radium, de cette singulière effluve dégagée par celui-ci et qui est elle-même radio-active. Malgré cela, les recherches récentes de Rutherford dont je voudrais aujourd’hui entretenir mes lecteurs ont jusqu’ici passé presque inaperçues sur l’écran éphémère de l’actualité. C’est que celle-ci est femme, et elle ne réserve pas toujours ses sourires... , ni ses trahisons, aux objets qui en sont les plus dignes. Essayons du moins dans notre modeste sphère de réparer ses injustices, en tâchant de montrer ici qu’il n’est point sans doute dans la science expérimentale de ces dernières années de trouvailles plus importantes et plus riches d’avenir que celles auxquelles ont abouti les dernières recherches de Rutherford.

Il vient d’en faire lui-même, — après diverses communications partielles, — un exposé d’ensemble devant la Chemical Society de Londres, puis devant la Société française de Physique. Cet exposé est à la fois si lucide et si complet que je ne saurais mieux faire que de le suivre ici presque pas à pas, en insistant pourtant sur les points qui semblent essentiels, et en passant au contraire un peu vite sur ceux qui ne sont guère de nature à passionner que le cénacle un peu ésotérique des spécialistes.