Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/459

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PERCY BYSSIIE SHELLEY

COR CORDIUM
Natus : IV aug. MDCCXCII

Obiit : VIII jul. MDCCXXII

épitaphe complétée par trois vers de Shakspeare extraits de la Tempête :


Nothing of him that doth fade
Duth doth suffer a sea change
Into something rich and strange


et dans lesquels le battement de la mer semble gronder encore comme au jour terrible où la fatale bourrasque emporta l’Ariel et ses passagers.

Devant un tel tombeau, en mémoire de Shelley, comment ne pas répéter ce que Shelley lui-même, dans Adonaïs, un an auparavant, disait de Keats dans ce même endroit : « Il n’est pas mort ; il ne dort pas ; il s’est réveillé à la vie. Son vol l’a emporté par delà l’ombre de notre nuit. Il vit maintenant, il s’éveille. C’est la mort qui est morte et non pas lui. » « Sa gloire, a dit depuis Darmesteter en nommant Shelley, sa gloire (si tardive à s’affirmer) couvait sous la cendre. » Oui, mais de cette cendre, comme du bûcher de Viareggio, il est sorti une haute flamme ; et cette flamme rayonnante qu’un poète a portée en lui, c’est elle, après cent années, qui éclaire encore tout un monde lyrique.


EDMOND PILON.