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exceptant les usines de Zabrze, restées en Allemagne. D’après les précisions qui ont été fournies, il s’agissait bien, comme dans les tractations avec la France, d’une participation au capital avec droit de contrôle, mais cette fois sans intervention du Gouvernement polonais puisque le droit d’expropriation de celui-ci a été suspendu. Un peu plus tard, la même nouvelle a été répandue pour la Bismarckhütte.

Il reste, cependant, toujours fortement question que des sociétés françaises, ou franco-polonaises, achètent, en des conditions analogues, une participation dans diverses autres affaires, comme cela a été déjà exécuté pour les mines Hohenlohe et pour les anciennes mines fiscales (4 à 5 millions de tonnes de houille annuelles) : mines passées au Gouvernement polonais et que celui-ci a amodiées à une Société franco-polonaise afin de se procurer leur fonds de roulement.

Telles sont les dernières évolutions de la situation économique et nous ne les critiquons pas. Au moment où des centaines de millions français se portent vers la Pologne, il ne nous déplaît pas que quelques millions de livres sterling s’y engagent aussi. Cet enchevêtrement d’intérêts internationaux ne constitue pas, à coup sûr, une garantie absolue ; on le voit de reste en Russie ; mais il préserve néanmoins de certains dangers. Nous pouvons gagner à avoir des intérêts connexes avec ceux de nos anciens alliés britanniques. Les Anglais ont eu, jusqu’ici, l’habitude d’employer toute leur force à protéger leurs nationaux, à faire respecter, dans les deux mondes, leur Civis Romanus sum. Les ministres anglais ne craignent même pas d’agir avec énergie en faveur d’une affaire où ils se trouvent être personnellement engagés. Dans le cas de la Silésie, on a vu ainsi, par une coïncidence évidemment tout accidentelle, l’attitude du ministère anglais s’adoucir à partir du moment où se sont produites les négociations dont l’une vient d’être citée plus haut.

Il est permis d’envisager avec moins de satisfaction le maintien et même la pénétration des Allemands en Pologne. Un mouvement, que nous serions naïfs d’ignorer, va peut-être nous amener à nous réveiller un beau jour en face d’une Pologne germanisée. Du côté allemand, l’intention est évidente. Les Allemands, avec cette persistance qu’ils apportent dans la réalisation de leurs desseins à travers les événements contraires,