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la faiblesse que nous montrons à l’égard des vaincus, la Silésie sera peut-être redevenue, même politiquement, allemande.

Néanmoins, la situation actuelle a provoqué, dans l’industrie silésienne, un état d’incertitude et de trouble, auquel les Allemands se sont efforcés de parer par des assurances internationales. Nous avons vu que les très nombreuses affaires silésiennes, à peu près toutes germaniques, sont, en dehors des mines fiscales, groupées, pour la. plupart, autour de quelques seigneurs féodaux ou de puissantes sociétés financières qui ont pris leur place. Avant le plébiscite, un mouvement très net s’était produit dans ces groupes en vue d’y introduire des éléments français, sur lesquels on se serait appuyé ensuite, en cas d’attribution à la Pologne, pour se défendre contre le Gouvernement polonais.

Les intéressés insinuaient, en outre, qu’ils ne seraient pas faciles, même si la Silésie restait allemande, de pouvoir ainsi se faire protéger un peu contre les menaces fiscales et les tendances socialistes de leur propre Gouvernement. A voir la manière dont les intérêts vitaux des Français sont protégés en Allemagne, on peut penser que cette dernière considération doit sembler quelque peu illusoire. Quoi qu’il en soit, on nous offrait une participation dans les principales affaires privées (Hobenlohe, comte de Donnersmarck, Schafgottsche, Ballenstrem, etc. ), qui représentent à peu près la moitié de la production houillère. Des propositions, financièrement séduisantes à certains égards en raison de la dépréciation du mark, mais un peu dangereuses aussi par la possibilité de son avilissement futur, se sont heurtées à des difficultés diverses, dont celle d’assurer aux Français, dans la direction des affaires, une prépondérance nécessaire vis-à-vis des Allemands, sans cependant nous forcer h acheter une majorité que, d’ailleurs, on ne nous offrait pas. Les pourparlers, en vue desquels le Gouvernement français exerçait, au su de tous, une pression discrète sur nos groupements miniers, métallurgiques et bancaires, ont ainsi traîné jusqu’au plébiscite, qui en a changé l’orientation.

C’est alors que des négociations analogues paraissent s’être engagées en Angleterre et avec le principal propriétaire de Haute-Silésie. Le comte Henckel von Donnersmarck, a, parait-il, vendu à une société germano-britannique ses 62 mines ou usines, avec l’ensemble de ses domaines de Beuthen et de Tarnowitz, en