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toute la Haute-Silésie à la Pologne ; et que, devant l’hostilité anglaise, la possession de ce pays fut soumise à un plébiscite. Le vote eut lieu le 20 mars 1921. Après quoi, les discussions commencèrent pour son interprétation et, finalement, le Conseil des Nations fut saisi le 12 août ; le 22 octobre 1921, sa décision fut homologuée et rendue définitive par les Alliés. Elle est en exécution. C’est sous ce régime que, jusqu’à nouvel ordre, la Haute-Silésie va vivre. Indiquons-en les clauses principales.

La « décision des principales Puissances alliées et associées, » interprétant l’article 88, dernier alinéa, du Traité de Versailles, commence par déterminer la frontière que l’on verra tracée sur la carte ci-jointe. Celle frontière passe à travers le bassin industriel, en décrivant autour de Beuthen une boucle bizarre que la délégation française proposait de supprimer et qui a pour résultat de laisser en Allemagne l’ancien centre de toute la région, Beuthen (désormais remplacé par Kallowiz), avec les grosses affaires groupées autour de Gleiwitz et de Zabrze. En revanche, les importantes usines de Königshütte, Laurahütte, Friedenshütte, Eintrachthütte et Bismarckhütte deviennent polonaises. On a pu annoncer comme un succès franco-polonais que les trois quarts du charbon, avec 86 pour 100 du zinc et 75 pour 100 du plomb, passaient ainsi à la Pologne.

Mais, comme compensation, les Gouvernements allemands et polonais ont clé invités à conclure, dans le plus bref délai possible et par application de l’article 92, dernier alinéa, du traité de paix, une convention économique à l’effet de consacrer un certain nombre de dispositions relatives aux chemins de fer, à l’eau, à l’électricité, au régime monétaire et douanier, au charbon et aux produits miniers, aux assurances sociales et à la circulation d’un pays à l’autre. Ces dispositions se justifient par l’impossibilité d’établir brusquement une cloison entre deux parties d’une vaste agglomération compacte, où tout auparavant était solidaire.

En deux mots, elles ont pour résultat de maintenir, pendant quinze ans, la Haute-Silésie dans l’orbite allemande, d’assurer aux Allemands, pendant quinze ans, la possession paisible de leurs mines et usines que permettait d’exproprier le traité de paix. Cette restriction a beaucoup contribué à calmer l’indignation provoquée en Allemagne par la décision de Genève. Pour la Pologne, l’effet en a pu être atténué par une situation financière