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nous venons d’insister, ne doivent pas nous faire méconnaître les difficultés réelles d’une situation que le partage ne va pas améliorer. C’est une vérité bien élémentaire, mais aisément oubliée, qu’en industrie il ne suffit pas de produire ou de posséder des stocks : il faut les vendre. Avant la guerre, la Silésie était gênée à cet égard pour augmenter, autant que ses mines l’auraient permis, la production de houille et celle de fer. A cette époque, elle souffrait de se trouver reléguée dans une encoignure de l’Empire allemand, entre deux autres Empires, qui, produisant à peu près les mêmes substances, pouvaient se passer d’elle. Il avait fallu lui créer, un peu artificiellement, sa place sur le marché intérieur allemand pour qu’elle put y soutenir la concurrence contre les produits beaucoup mieux placés et sensiblement moins coûteux de la Westphalie. Après le partage, la distance à la mer reste la même et les communications ne sont pas plus faciles pour devoir emprunter ce bizarre couloir de Dantzig, une des curiosités de la carte géographique actuelle. La Pologne, en gagnant d’anciennes mines allemandes, conserve aussi les siennes, qui lui suffisaient presque et qui vont souffrir de ne plus être protégées par une barrière douanière. La Tchéco-slovaquie va rester à peu près fermée comme l’était l’Autriche.

Pour les usines à fer, le mal est particulièrement grave ; car elles sont à la fois mal placées pour se procurer des minerais à bon compte et désavantagées pour l’exportation de l’acier ; il leur reste seulement l’avantage du charbon économique. C’est, on l’a vu, la présence des minerais de fer silésiens qui a suscité jadis cette sidérurgie ; mais il est arrivé là ce qui s’est produit en tant d’autres points, notamment dans le centre de la France. Avec le temps, les minerais locaux se sont réduits, quoiqu’ils suffisent encore à alimenter les usines de Dombrowa. Eussent-ils même subsisté qu’ils seraient devenus insuffisants en face de besoins très accrus et d’une métallurgie nouvelle. On a été amené à acheter des minerais de plus en plus loin. Autrefois, c’était en Hongrie, en Syrie ou en Bohême, puis jusqu’à Krivoirog en Russie, à plus de 1 200 kilomètres (dont les Polonais aspirent aujourd’hui à reprendre les importations). Les chiffres que j’ai donnés montrent que la Suède est actuellement le principal fournisseur et, à l’intérieur, on a été, grâce à des tarifs réduits, jusqu’à franchir mille kilomètres pour chercher du minerai de