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fait surgir la chaîne montagneuse au Sud de ces fosses, continuait à pousser en avant la lèvre méridionale de celles-ci et à charrier en les plissant les terrains houillers vers le Nord, Puis il y eut une période d’érosion, pendant laquelle la chaîne fut aplanie et arasée. Après quoi, la mer revint et quelques sédiments locaux commencèrent à recouvrir ces ruines. Enfin, longtemps après, pendant l’époque tertiaire, un nouvel effort de plissement montagneux fît surgir, un peu plus au Sud, une chaîne montagneuse plus jeune, celle des Carpathes. Il la poussa encore vers le Nord suivant la même loi, en lui faisant gravir un plan incliné. Car les montagnes, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas surgies du sol verticalement comme une végétation monstrueuse de la Terre. Elles sont nées de la contraction terrestre qui, peu à peu, réduisant la superficie de la sphère, a déterminé une lutte pour l’espace analogue à la lutte pour la vie chez les êtres organisés. L’effort montagneux s’est produit dans le sens horizontal en faisant chevaucher les terrains les uns sur les autres, parfois jusqu’à des distances de 200 kilomètres. Un temps est arrivé ainsi où la nouvelle montagne tertiaire des Carpathes a passé par-dessus la montagne primaire des Sudètes, enfouissant, sous ses sommets et ses pentes, une partie de cette chaîne avec ses terrains houillers, devenus désormais invisibles.

Tirons de cet exposé la conclusion industrielle qui nous intéresse ; nous nous expliquerons comment le houiller de Haute-Silésie occupe aujourd’hui une vaste conque de direction N. E. — S. O. très large au Nord, plus réduite dans sa partie Sud, où elle se continue sous les Carpathes et n’est plus accessible que par des sondages profonds (voir notre carte). Dans cette conque, les terrains ont, de l’Ouest à l’Est, une inclinaison générale qui est celle de la chaîne carbonifère, avec un amincissement correspondant. Ils sont assez fortement plissés dans l’Ouest, mais s’aplanissent vers l’Est et tendent à y devenir horizontaux.

Cette conque qui, je l’ai dit, était, avant la dernière guerre, divisée entre les trois Empires d’Allemagne, d’Autriche et de Russie, occupe, d’après les derniers sondages, une étendue d’environ 8 500 kilomètres carrés, auxquels il faut ajouter toute la partie invisible sous les Carpathes, jusqu’à présent inutilisable. Même dans la partie réputée accessible, le terrain houiller