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récents sur la question silésienne n’ont peut-être pas réussi à nous familiariser.

L’ensemble de la Silésie est un vaste pays de plaines tertiaires, aux confins duquel se dressent, vers l’Ouest, avant d’arriver en Bohême, les chaînons montagneux qui relient le Riesengebirge aux Sudètes. Là vers la hauteur de Breslau, se trouve un autre bassin houiller dont nous n’aurons pas à parler, puisqu’il est resté sans discussion à l’Allemagne et à la Tchécoslovaquie, celui de la Basse-Silésie et de la Bohême, autour de Waldenburg, Schatzlar et Neurode. Vers le Sud-Est, au contraire, les terrains primaires, qui englobent le houiller, reparaissent, sans dénivellation orographique bien sensible, autour de Beuthen, Königshutte et Kattowitz ; c’est la Haute-Silésie, après laquelle, si on continuait vers le Sud, on entrerait dans un pays différent, celui des Carpathes.

Toute cette Haute-Silésie a l’air aujourd’hui bien calme et bien monotone. A parcourir ces plaines sableuses, à peine coupées de quelques humbles collines, parmi les maigres champs de céréales, les plantations de sapins et les bruyères, on ne se douterait pas qu’il s’est passé là autrefois des mouvements géologiques particulièrement violents et compliqués ; de même qu’on est généralement surpris envoyant combien sont vite redevenus tranquilles les grands champs de bataille de l’histoire. Le conflit géologique, qui, il y a plusieurs millions d’années, a précédé ici les disputes humaines, mais qui a exercé, comme toujours, son contre-coup lointain sur elles, remonte d’abord à cette époque primaire où se formèrent un peu partout les grandes accumulations de houille. Mais sa complication vient de ce qu’il s’y est superposé, longtemps après, un autre grand mouvement tertiaire.

En deux mots et sans abuser des mots savants, voici ce qui s’est passé.

On sait que, vers le milieu de l’époque dite carbonifère, il s’éleva, à travers l’Europe, une grande chaîne montagneuse, sur le flanc Nord de laquelle des fosses, en communication précaire avec la mer, se remplirent de sables, d’argiles et de végétaux bientôt transformés en houille. C’est dans une de ces fosses, très allongée, que l’on va aujourd’hui chercher les combustibles d’Angleterre, du Nord de la France, de Belgique, de Westphalie, de Silésie, du Donetz. Progressivement, le mouvement qui avait