en pleine beauté, les roses de juin, et l’on murmure malgré soi : « Madame se meurt ! Madame est morte !. . »
Tout près, les grands iris, japonais ou chinois, heureux de l’air humide, secouent avec confiance leurs grandes oreilles, leurs larges pétales blancs, violets ou mauves, dépliés, étalés, à la fois charnus et légers, et se mirent dans leurs parterres d’eau ; les lis, prêts à s’ouvrir, dressent entre les buis sombres leurs boulons longs et blancs : quelques-uns ont des tiges penchées par l’averse ; et ils semblent retarder leur éclosion afin que la pluie n’altère pas la puissante odeur renfermée en leurs boutons clos et gonflés comme des flacons opaques.
Au mur, le chèvrefeuille grimpe, écru et rosé ainsi qu’une nuque féminine. Les troènes embaument, encore mouillés ; et malgré soi l’on évoque des voyages où on respire ce parfum-là par les soirs pluvieux, dans les petites gares campagnardes. Et puis on retourne auprès des roses humer une dernière fois le vin de leurs coupes renversées et, dans une langueur brusque et crépusculaire, regretter de ne pas pouvoir ainsi qu’elles, s’effeuiller, en une fois, indolemment et tout à fait, pour en finir...
A l’exposition des fleurs il y a, dans un recoin vitré, une collection de ces merveilleux nabots.
Puissants et minuscules, certains semblent très grands, chenus et vénérables, car, en les regardant, on oublie sa propre taille, tant la justesse de leurs proportions est absolue.
Le cèdre est biblique ; étage, tortueux, il évoque le Liban et les descriptions de l’Atlas et le nom de Lamartine et le vers de Victor Hugo :
Un cèdre ne sent pas une rose à sa base...
Et cependant, ce petit cèdre nain, il irait juste à la cheville de certains rosiers et un moustique posé sur sa cime y figurerait un aigle. Par contraste ce mélèze nous parait inexplicablement trop petit. Il tremble au souffle du visiteur et on le juge autant impubère que le léger duvet de la lèvre d’un trop jeune garçon.
Mais ce pin... ce pin majestueux et svelte, à la cime en forme d’éponge, au tronc écailleux, ce pin n’évoque-t-il pas à