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de la France, par des sacrifices effroyables, dont la Russie, depuis longtemps, n’assume plus la contre-partie.

« 4° Nous devons donc, sans différer davantage, chercher très secrètement le moyen d’amener la Turquie à nous proposer la paix. Cette idée exclut nécessairement toute réponse à la dernière note du Gouvernement provisoire, puisque cette réponse rénoverait, en quelque sorte, des accords qui, par la faute de la Russie, sont devenus irréalisables. »

Voici maintenant la thèse d’Albert Thomas :

« 1° Je reconnais que la situation est difficile et trouble, mais non désespérée, comme semble le croire M. Paléologue.

« 2° Je crois que la meilleure politique est de faire encore à la Russie nouvelle un crédit de confiance que nous n’avons pas ménagé à l’ancienne.

« 3° Le Gouvernement aura à décider sur la politique orientale que lui propose M. Paléologue. Je me contente de noter que le moment n’est peut-être pas bien choisi pour de grandes combinaisons diplomatiques nouvelles en Orient. Mais il me plaît, en revanche, de constater qu’en conseillant de ne pas répondre à la dernière note du Gouvernement provisoire, M. Paléologue tend, lui aussi, à la révision des accords. Je ne suis pas opposé, pour ma part, à l’idée de chercher très secrètement le moyen d’amener la Turquie à nous proposer la paix. La seule différence entre M. Paléologue et moi, c’est que je crois encore à la possibilité de ramener la Russie à la guerre par la proclamation d’une politique démocratique, M. Paléologue croit qu’il n’existe plus aucun moyen d’y parvenir.

« 4° Notre discussion courtoise mettra le Gouvernement en état de juger plus complètement la situation. Je persiste à penser que la politique que je propose est à la fois la plus prudente et la plus conforme à la réalité des faits ; elle n’exclut pas d’ailleurs le projet turc ; mais elle tend à le réaliser d’accord avec la Russie nouvelle et non contre elle. »



Mardi, 8 mai.

Visite d’adieu au grand-duc Nicolas-Michaïlowitch.

Le bel optimisme qu’il affectait à l’aube du régime nouveau, est loin ! Il ne me cache pas son angoisse et sa tristesse. Cependant, il garde encore l’espoir d’une amélioration prochaine, qui