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SUR
UN LIVRE NOUVEAU DE PAUL ADAM [1]

L’autre jour, à l’Exposition coloniale de Marseille, — qui est une merveille d’art et de curiosité dans un paysage admirable, un des plus beaux, sinon le plus beau (je ne me lasserai pas de le répéter) des rivages méditerranéens, — je m’enthousiasmais devant ce superbe et multiforme témoignage du génie national. Je me disais à chaque pas : « c’est ici qu’il faut venir, si l’on veut avoir une idée de l’étendue et de l’importance de notre domaine colonial, — de la splendeur de l’Empire français ! » La France elle-même, cantonnée dans son Landerneau continental, s’en doute à peine. Et quand on a le cœur triste et humilié à la pensée des capitulations et des faillites de notre politique européenne, c’est un réconfort de promener sa vue sur les réalisations de plus en plus brillantes de nos conquêtes africaines et asiatiques. Et, d’autre part, quand on est consterné de l’inertie et de l’impuissance administratives, quand on se sent menacé au plus intime de son être par le progrès du nivellement démocratique, c’est une joie de pouvoir contempler de si beaux exemples de l’activité nationale et individuelle. L’action française, débarrassée des entraves métropolitaines, c’est ici surtout qu’elle s’exerce. L’individu français, c’est ici qu’il donne la mesure de son énergie, de son intelligence, de tous ses talents, et aussi de son obstination que rien ne décourage. Toutes les colonies qui sont là représentées par leurs édifices

  1. Notre Carthage, préface de M. le général Mangin. Fasquelle, éditeur.