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elle doit être dégagée de toute préoccupation étrangère au bien public. Jugez de son influence à cette norme

Associé à l’action, et par suite aux responsabilités, autres que parlementaires, du Cabinet, le Président dispose, pour accomplir sa mission, de tous les moyens habituels à un régime d’opinion.

Précisément parce qu’il approuve et qu’il seconde la politique générale dont il a arrêté les grandes lignes avec le président du Conseil et ses collègues, il lui sera aisé d’accorder ses manifestations personnelles, écrits ou discours, avec les leurs.

Ainsi, pendant sept années, les directions politiques à l’extérieur et à l’intérieur sont assurées de demeurer les mêmes. A moins, bien entendu, qu’au cours de cette période le suffrage universel ne vienne sous la forme que la loi ouvre à l’expression de sa volonté souveraine, c’est-à-dire dans des élections générales, à se dresser contre la politique qu’il avait jusqu’alors approuvée.

A coup sûr, ni le renouvellement de la Chambre des députés, ni le changement de Président ne sont souhaitables avant l’expiration régulière de leur mandat. Tout heurt dans le fonctionnement normal de l’organisme constitutionnel risque de troubler la vie nationale. La dissolution de la Chambre ou la démission du Président ne se justifie qu’autant qu’elle apparaît inévitable pour assurer la libre expression de la souveraineté du peuple.


Sous cette réserve, la durée de sept ans assignée aux pouvoirs présidentiels parait acceptable : ni trop longue ni trop courte. Que penser de leur origine ?

Sans aller jusqu’à estimer avec le duc de Broglie que le Président soit privé de toute action morale par la nature de son origine, on peut être tenté de la trouver un peu étroite.

La nécessité de séparer nettement le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, le besoin de donner au Président de la République le plus d’indépendance et de prestige dans le cercle de ses attributions, amènent à croire qu’il serait sage de remanier la composition du collège qui l’élit.

Pourquoi réserver aux seuls membres du Parlement le privilège d’en faire partie ?

Le projet de loi sur l’organisation des pouvoirs publics que