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de même qu’il se spécialise dans les mathématiques ou dans les lettres. Dans quel cadre sympathique se développent l’esprit et le corps de ces heureux jeunes gens ! Il fait, ce matin, le temps le plus charmant du monde et rien n’est plus riant, plus attrayant que l’aspect de cette Université.


O Jeunesse, printemps de la vie,
O Printemps, jeunesse de l’année.


Ici tout est disposé pour le sport et l’étude, pour les jeux et le travail : c’est l’harmonieuse application du célèbre : Mens sana in corpore sano avec peut-être un avantage pour corpus sanum. Le premier bâtiment que nous visitons, c’est le bâtiment de la gymnastique ; dans une première salle sont exposés les coupes et vases d’argent, palmes, drapeaux, prix remportés par Princeton dans les grandes épreuves inter-universitaires et dont l’Université s’enorgueillit ; nous entrons ensuite dans une vaste salle où sont disposés divers agrès ; un jeune homme aux jambes nues s’applique à lancer un gros ballon dans une sorte d’anneau (basket) suspendu à la galerie qui règne tout autour de la salle, à la hauteur d’un premier étage. Cela doit être assez difficile, car voilà une douzaine de fois que le jeune homme aux jambes nues lance le ballon sans parvenir à le faire passer dans le basket. Je pense alors au vieux lycée Louis-le-Grand où j’ai fait mes études, aux salles tristes qui, par des fenêtres grillagées, prenaient jour, si l’on peut dire, sur des cours sans arbres autour desquelles nous tournions pendant les récréations, toujours dans le même sens ! Je songe à la discipline sévère, mesquine, taquine.


O Jeunesse, printemps de la vie !


Il faut regretter qu’il n’y ait pas en France pour les jeunes hommes et les jeunes filles des Universités et des Collèges sur le modèle de Princeton, Yale, Harvard, Wellesley. De l’air, de la liberté, de la lumière ! Pas de contraintes stupides, pas de mesures vexatoires, un appel constant à la dignité, au self-contrôle, l’entrainement pour chacun à devenir le capitaine de son âme.

Dans une cour, sur une verte pelouse, un écriteau avec ce simple mot : Please. C’est bref, mais cela suffit. Ne marchez pas sur le gazon, cela se sous-entend. Quelle admirable langue que