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marchandises importées ? Si l’Europe ne peut pas régler en dollars-or, si les Etats-Unis ne veulent pas accepter des articles européens, qui viendraient forcément concurrencer leur production, sommes-nous cependant en face d’un problème insoluble ? Non pas pour M. Vanderlip, et voici la combinaison qu’il vient de soumettre à l’ancien et au nouveau Continent.

Sous réserve que l’Europe donnerait aux États-Unis des garanties de bonne conduite, qu’elle n’exagérerait pas ses armements, qu’elle ne demanderait pas à l’Allemagne plus que celle-ci ne peut payer, qu’elle accomplirait un effort persévérant pour son relèvement économique, l’Amérique ferait le grand acte de renoncer provisoirement au paiement de sa créance en dollars. Fidèle à l’idéal wilsonien de fraternité et de paix que le Traité de Versailles a été impuissant à réaliser, M. Vanderlip suggère que les sommes à verser par les États débiteurs pour le règlement de leur dette américaine soient affectées à la restauration de l’Europe.

Dans l’exécution de ce vaste plan, c’est l’Europe orientale qui sera le principal champ d’expérimentation. Nous voudrions pouvoir préciser la nature du concours que donnerait à ces pays orientaux le capital européen, ainsi constitué par les pays débiteurs des États-Unis, et dont ces derniers se réserveraient l’emploi et le contrôle, mais sur ce point, les indications sont très générales et se réfèrent au perfectionnement de l’organisation économique, à l’application des meilleures méthodes de production, au développement de l’instruction à la technique, fusion des antagonismes de races, bref, une vraie charte de colonisation qui est bien dans la note philanthropique américaine. M. Vanderlip a découvert que l’Europe avait besoin de moyens de transport modernisés, d’une plus vaste utilisation de ses forces hydro-électriques, que beaucoup de villes manquaient de système sanitaire, que les pays d’Orient n’avaient pas d’élévateurs à grains, que l’agriculture n’était pas dotée des derniers progrès. C’est cet ensemble de travaux qui pourraient être entrepris, avec la coopération américaine, pour le plus grand bien de tous.

Quand nous sortons du domaine des idées pures pour déterminer le mécanisme de ces opérations, nous apercevons encore plus nettement combien il serait difficile de transposer dans la réalité ce rêve, en convertissant la dette due à l’Amérique en une dette envers l’humanité. Sans doute, la créance des États-Unis ne serait plus exigible en dollars, et c’est un incontestable avantage dans l’état actuel du change, mais en supposant même qu’elle soit transformée